Luke la main froide par Queenie
C'est un livre qui nous plonge dans l'univers carcéral des Etats-Unis d'avant, où les bagnards cognaient dur sur les cailloux, nettoyaient les voies de circulation avec des chaînes aux pieds, dans la poussière, sous le soleil, et dans une solidarité virile et brut comme un roc.
Un livre qui dit ce qu'il a à dire, pas de prétention, de leçon de morale ou de vision objective du monde. C'est un regard partial, tendre, affectueux et mélancolique (désabusé) sur la vie de ses hommes. Avec la guerre pas loin, qui marque, qui perturbe, et qui rend difficile le retour au "vrai" monde.
Pearce prend le temps de nous poser le cadre de ce pénitencier, de son règlement stricte, des Boss, de l'organisation. On comprend rapidement qui sont les prisonniers, la monotonie abrutissante de leurs journées, le silence permanent auquel ils sont forcés, les tâches dures et lourdes qui matent le corps. On discerne l'image de ceux entre deux, les prisonniers qui ont des tâches faisant lien entre les Boss et les autres. Et les Boss. Leurs flingues toujours à porter de main, leurs lunettes aux vitres miroir, leurs bottes, leurs regards.
Et là, Luke débarque. Et tout de suite, il ne se fond pas tout à fait dans la masse. C'est quelque chose qui se pressent. Petit à petit, par son impertinente nonchalance, par son flegme rugueux, il va forcer l'admiration des bagnards et la crainte des matons.
Petit à petit, je n'ai pu m'empêcher de lire et lire et lire. Je suis rentrée dans cette histoire tranquillement, et puis j'étais dedans, avec eux, juste un tout petit peu tenue à l'écart, en observatrice partiale.
Je ne me souviens pas très bien du film (sauf de la scène des œufs, qui est terrible), je vais le revoir, mais en tout cas, si vous avez l'occasion, lisez ce livre, il est bon, sans chichiterie, sans en faire trop, il raconte une vraie histoire, quelque part la naissance d'une légende, d'un symbole, dans un univers clos et sans espoir.