Revoilà le commissaire San-Antonio, toujours affublé d'Alexandre-Benoît Bérurier. Cette fois-ci, ils sont à Téhéran, ils filent un cador du cambriolage français venu sans aucun doute, pense leur patron, y faire ses emplettes.
Evidemment, rien ne se déroule comme prévu et certaines rencontres, notamment féminines, vont révéler aux deux hommes les faces cachées du royaume d'Iran. Les milles et Une nuits, version San-Antonio.
A l'occasion des soixante-dix ans de San-Antonio, Pocket réédite certains titres. J'ai déjà eu la chance de lire San-Antonio chez les Gones, je renouvelle donc avec cette aventure datée de 1970. Datée, c'est un peu le cas, depuis le régime du pays à changé et certaines exagérations de l'auteur en matière de sexe, puisqu'ici, il faut bien le dire, on en arrive au viol, presque consenti, sont gênantes. Bien que non bégueule -j'ai lu cette histoire avec décalage, car avec San-Antonio il faut toujours y être et avec l'idée que ce livre est écrit il y a presque cinquante ans-, il reste néanmoins que certaines scènes ne passeraient plus aujourd'hui. Est-ce mieux, est-ce moins bien ? Je ne sais pas, je ne juge pas, surtout aujourd'hui une histoire écrite en 1970 et qui plus est une histoire de genre san-antoniesque.
Ceci étant dit, ce n'est pas le meilleur livre de San-Antonio, c'est un peu long malgré les réparties drôlissimes de Bérurier qui ne s'encombre ni de grammaire ni de syntaxe :
"Bon, je manque à toutes mes inconvenances, déclare le radieux, que je te présente Mistresse Caroline Bitalaviock, dont j'ai eu l'honneur de rencontrer dans l'avion. C't'une femme charmante, veuve en tant que surcroît, et qu'a accepté qu'on fasse chambre commune pour écraser les frais." (p.83).
Sans oublier les géniales descriptions de Frédéric Dard qui a torturé, trituré, personnalisé, san-antonié la langue française comme pas deux : "On s'écarte devant moi. Y'a un sillage précédateur, ce qu'est extrêmement rare chez les sillages. Je tournevire avec plus d'aisance. Je périscope mieux à loisir. Tant et si bien que je finis par renoucher mon trio fantôme. Il est au bout d'un étroit boyau au long duquel se succèdent des ateliers de batteurs de cuivre." (p.40) Recopier un extrait de San-Antonio, c'est prendre le risque que le correcteur d'orthographe s'affole, et encore là, j'ai choisi l'un des moins douloureux pour lui.
Mitigé donc, mais sur la production incroyable de San-Antonio, il y a forcément des titres moins bons. De l'utilité de rééditer celui-ci comte-tenu de mes remarques de début de recension ?