Ma mère à l'ouest d'Eva Kavian

Ma mère à l’Ouest retrace l’enfance mouvementée de Samantha. Mouvementée, car depuis qu’elle a été séparée de sa maman souffrant d’un handicap mental, elle est trimballée de famille d’accueil en famille d’accueil, d’institutions en institutions. Sam ne veut plus rien attendre de ses « mamans », il n’y en a qu’une qui compte : la vraie. Tout change pour Samantha quand elle se retrouve elle-même enceinte. Le livre est tout aussi rythmé que la vie de Samantha puisqu’il se partage en deux narrations. D’un côté les débuts de chapitre à la première personne du point de vue de Samantha dans le « présent », de l’autre un narrateur omniscient qui nous raconte la vie de Samantha ainsi que celles des gens qui la croisent. Et ça, elle en a croisé des gens. Il y a les assistantes sociales, les nouvelles « mamans », les nouveaux « papas », les éducateurs, les copines, les garçons, et surtout SA maman.

Ma mère à l’Ouest est un livre d’Eva Kavian publié en 2012 aux éditions Mijade à destination des adolescents. Eva Kavian aborde souvent des thèmes assez durs dans ses romans, peu importe le public visé. Un thème assez récurrent est la famille et les difficultés dans les relations. Ici, nous sommes prévenus d’emblée de la dureté des choses exprimées dans le livre dans une petite mention en début de livre : « […] L’auteur en profite pour demander au lecteur d’éviter de lui dire qu’il a exagéré en accumulant ainsi les souffrances rencontrées par son personnage principal, avant d’interroger un travailleur social. Et que le lecteur qui a des problèmes avec les histoires qui le renvoient à la chance qu’il a d’être du « bon » côté de la société choisisse directement un autre roman. Celui-ci ne le laissera pas indemne ».

Cette mention introduit parfaitement ce récit de vie dur mais pleine d’émotions. Même si le lecteur sait à quoi s’en tenir, la lecture n’en est pas facile pour autant. En effet, sa lecture ne laisse pas indemne. Eva Kavian aborde avec humour et tendresse le sort de Samantha qui a eu la vie difficile. C’est un livre dont on ne se remet pas facilement, il vous fera passer par une multitude d’émotions et tout cela en seulement 140 pages. Il y est abordé des sujets très actuels de façon très « banale » telle que la vie de personnes vivant avec un handicap mental, leurs sexualités, la vie en groupe, mais aussi l’avortement, la monoparentalité, les institutions et le système. Bref, c’est une belle tranche d’humanité. Le sentiment qu’il faut retenir de ce récit , c’est qu’il est touchant, touchant d’humanité.