Ma vie parmi les ombres par Chro
Par Romaric Sangars
Pressenti comme une sorte de final à la trilogie corrézienne de Richard Millet (La Gloire des Pythre, L’Amour des trois soeurs Piale, Lauve le pur), Ma vie parmi les ombres tient aussi de l’épitaphe. Epitaphe des morts qui hantent le narrateur, épitaphe d’un monde fini (le Limousin et la France rurale), épitaphe de la langue (du patois comme du français), épitaphe d’une civilisation : la nôtre. Dans son appartement au sommet d’une tour de la place d’Italie, Pascal, un écrivain atteignant la cinquantaine, reclus dans l’obscurité et dans ses souvenirs, raconte à une jeune femme de 22 ans, Marina, depuis peu son amante, le monde de Siom dont elle aussi est issue. Il lui raconte son enfance et les femmes qui l’ont élevé, Marie, Louise et Jeanne, ses grandes-tantes et sa grand-mère, alors que sa mère Solange avait fui vers la ville sans jamais être capable ni de l’aimer, ni de lui révéler l’identité d’un père inconnu. Il lui raconte les mœurs révolues de la famille Bugeaud, la grandeur de ces femmes éteintes, leur résignation et leur noblesse. Il lui raconte la beauté et la richesse d’une langue qu’il a voulu servir, dont il a voulu témoigner en embrassant le métier d’écrivain, une langue en plein délitement, bientôt morte comme le patois de son enfance, remplacée par "une langue de Bas-Empire, livrée aux publicitaires, aux journalistes, aux démagogues, aux mauvais écrivains à présent plus nombreux que le sable du désert". (...)
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