« Mais que fait la Police ? » est un recueil de Nouvelles sorties de l’imaginaire de Albert Dardenne, ce digne représentant de l’humour belge qui, par amour et respect de l’œuvre de Hergé, s’est dernièrement auto-proclamé Consul de Syldavie (http://www.lacapitale.be/267848/article/2018-08-20/rencontre-le-consul-olnois-de-syldavie). C’est très sérieusement, mais sans jamais se prendre au sérieux, que cet auteur Olnois s’est investi dans cette nouvelle tâche au service de la mémoire de notre icône de la BD. C’est avec le même sérieux et le même humour qu’il utilise ici ses talents d’auteur pour nous conter ce personnage de Jean-Philippe Lefin, un commissaire de police bien de chez nous, conscient de n’avoir pas à traiter des dossiers orchestrés par des scénaristes de séries policières dans lesquelles tout s’emboîte magiquement bien en moins de 50 minutes !
Le commissaire Lefin, lui, est plein de bon sens. Conscient de ses limites, du facteur hasard dans la résolution des énigmes, son plus cher désir est de faire connaître au public ce qu’est vraiment une enquête. Il a donc sommé Albert Dardenne de mettre par écrit l’exacte vérité du métier, sans en édulcorer les difficultés ou scénariser son témoignage ! Et notre auteur de s’y coller !
Le lecteur ne manquera pas de ressentir combien le Commissaire Lefin a quelque chose des savoir-vivre, ressentir et communiquer avec les petites gens qui définissaient l’homme à la pipe de Simenon. Il plongera dans ces récits en y ressentant rapidement quelque chose de la complexité des personnages et des moyens d’occire si chers à l’univers de Christie. Le tout lavé de toute accusation de plagiat tant est présent chez Albert Dardenne, dans le respect de la langue française, l’humour et l’excellent terreau de truculences de notre parler liégeois. Avec ces ingrédients subtils, la sauce prend immédiatement et le lecteur se plaît à suivre les Affaires et à en apprécier les pirouettes qui les terminent tant bien que mal.
Aborder un recueil de nouvelles est parfois quelque peu difficile. En cause, le saut de puce que doit souvent exécuter le lecteur en passant d’une nouvelle à l’autre, d’un univers à son opposé parfois. Ici, par sa mise en perspective d’un besoin de témoignage à propos des souvenirs, anecdotes et cauchemars du Commissaire Lefin, l’auteur nous propose un ensemble cohérent et facilite notre lecture.
Jean-Philippe Lefin, un personnage atypique mais sympathique créé par un auteur qui ne demande qu’à être lu ! Ne vous en privez pas !