J'ai pour habitude de consulter les critiques d'un livre avant de le lire. Pour une fois, tombé par hasard sur ce court roman, j'ai décidé de me laisser séduire par le titre seul et les quelques lignes de la quatrième de couverture, qui n'en disent pas bien long mais éveillent suffisamment la curiosité de l'amateur de science-fiction.
À la lecture des cinquante premières pages, on ne sait pas trop où l'on va. Le style est assez indigeste. Une véritable pénurie de mots de liaisons et de transitions ! Et pour cause, Matières Grises représente le premier roman de l'auteur qui est avant tout scénariste... On comprend mieux pourquoi on vient à bout de l'histoire à seulement 200 pages. Les éléments du récit sont décrits de manière brève et contextuelle, tel un scénario qui situe l'acteur dans une scène, avec des instructions à suivre. Mais la lecture est également rendue difficile par les dénominations de lieux et de personnages trop denses : l'auteur n'en finit pas des matricules à rallonge, mêlant chiffres, lettres et parenthèses, parfois pour un même et seul nom !
Passées ces difficultés, on n'ose tout de même se prêter au jeu des descriptions techniques et scientifiques qui ne sont pas sans nous rappeler certains classiques de SF (on revoit par exemple les implants de souvenirs du film The Island). Et si on en venait à penser que l'auteur était totalement insensible, on découvre des sentiments chez les personnages au bout d'une centaine de pages (on est à la moitié du récit). Dès lors, des émotions, de l'expérience individuelle, du sexe, des paysages... Mais le tout sur un fond d'amertume bien présent tout au long du livre.
En définitive, je pense avoir aimé ce livre qui mérite sûrement de sortir de l'ombre (aucune note globale sur sens critique, quelques critiques sur Babelio et Decitre...) car il pose efficacement les questions clés et très actuelles de réel, d'irréel, de l'expérience vécue jusqu'à celles de l'inné et de l'acquis.
Enfin, bien qu'écrit en 1971, Matières Grises est un roman qui nous renvoie incontestablement à la question du transhumanisme, science à controverses bien actuelle.