Même pas drôle
Fiche technique
Auteur :
Sébastien FontenelleGenre : EssaiDate de publication (pays d'origine) : Parution France : 15 septembre 2010Éditeur :
LibertaliaISBN : 9782918059134, 9782918059134Résumé : « Le journalisme, selon Val, qui manque rarement une occasion de prodiguer de sévères (mais justes) leçons d’éthique et de déontologie, doit en théorie s’attacher aux faits, sans bien sûr s’interdire l’analyse, mais en prohibant, tout de même, toute opinion qui serait fondée sur d’autres opinions – sur des présupposés, idéologiques ou autres – plutôt que sur la réalité. Sa pratique, tout au long de l’évolution qui l’a fait passer en dix ans de la moquerie de "l’Aimé Jacquet de la pensée" à l’intégration du cercle des "amis de Bernard-Henri", fut parfois un peu différente : on ne compte plus les malheureux qui, parce qu’ils avaient commis un crime de lèse-Val en lui portant la contradiction, ou plus généralement parce qu’ils avaient pensé trop à l’écart de la doxa dominante, se sont vu intenter d’extravagants procès d’intention. Au vrai : Val aurait eu tort de se gêner, puisque cette digne et pesée conception de son métier, où les puissants – élus, patrons, éditocrates – n’ont trouvé qu’assez peu de vrais motifs de fâcherie, lui a finalement ouvert un accès vers le firmament de l’audiovisuel étatique, sous le règne, décomplexé, de Sarkozy. » La nomination de l’ex-patron de Charlie Hebdo à la direction de France Inter avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy fut en 2009 l’apothéose d’une longue décennie de réalignements idéologiques. Entre 1999 (année de sa prise de position en faveur de l’intervention de l’Otan au Kosovo) et 2009, Philippe Val a en effet amendé nombre de ses points de vue, passant de la gauche altermondialiste à la récitation de psaumes conservateurs. Pour accompagner ce réaménagement, il a tôt mis au point une méthode simple, consistant à disqualifier ses éventuels contradicteurs par des imputations extravagantes. L’éditorialiste qui déclarait naguère qu’« à chaque fois que l’on recule, à chaque fois qu’on est prudent à l’intérieur de nos États de droit, on perd l’estime de ceux qui nous font reculer, ils ne font que nous mépriser car devant eux nous piétinons nos propres valeurs » s’est ainsi gagné assez d’estime, à droite, pour être promu à la direction d’une radio d’État sous le règne de Nicolas Sarkozy – et ce n’est même pas drôle.