Abdi Agha règne en tyran sur cinq villages de la région des monts Taurus dans le centre-sud de la Turquie. Dans celui de Deyirmenoluk vit le jeune Mehmet, fils du défunt Ibrahim avec sa mère Döne. Les paysans sont exploités par Abdi Agha qui est injuste avec eux et notamment avec la veuve d'Ibrahim. Un jour Mehmet décide de s'enfuit vers une ville dont on lui a venté les merveilles. Il arrive chez un vieux qui prend soin de lui, mais rapidement les hommes d'Abdi Agha arrivent à mettre la main sur lui et le ramènent au village de Deyirmenoluk.
Le traitement qui leur sera infligé sera encore pire qu'avant. Mehmet veut s'enfuir à nouveau. D'autant plus que l'Agha a décidé de marier la jeune femme dont Mehmet est amoureux depuis des années Hatçe à son neveu. Mehmet s'enfuit avec Hatçe. L'orage éclate. Tout trempés ils se réfugient dans une grotte et font l'amour. L'Agha envoie à la tête de ses hommes Ali le Boiteux, le meilleur pisteur. Il trouve la trace de Mehmet, mais celui-ci alors qu'on le croyait pris tue le neveu et blesse l'Agha. Il abandonne sa dulcinée et s'enfuit. Celle-ci sera faite prisonnière à cause de faux témoignages que l'Agha a fait faire aux témoins. C'est ainsi que Mehmet devient bandit.
Mehmet le Mince est le premier roman écrit par Yaşar Kemal (1923-2015) et aussi son plus connu. Publié en Turquie en 1955 il sera traduit par Guzine Dino et publié en français en 1961. Il donnera suite à trois autres romans : Mehmet le Faucon, Le Retour de Mehmet le Mince et Le Dernier Combat de Mehmet le Mince. Il y raconte les aventures de Mehmet dit le Mince, bandit au grand cœur adoré par la population, Robin des Bois turc, qui se bat contre de méchants Aghas, seigneurs locaux qui exploitent la population, à l'époque des débuts de la République. Autant le dire tout de suite, les aventures de Mehmet le mince sont du registre de l'invraisemblable et sont plutôt des histoires pour enfants à lire dans l'idéal entre 10 et 14 ans. Cependant, elles ont leur intérêt pour comprendre la culture et le parler de la "Turquie profonde", celle des campagnes de l'Anatolie, avec ses bandits, ses Aghas et ses paysans. Le style est très simple. On est loin d'un Sait Faik Abasiyanik, d'un Yusuf Atilgan ou d'un Orhan Pamuk. Cependant, la description de la nature, de la faune et de la flore est ce qui fait son originalité par rapport à ces autres auteurs du panthéon de la littérature turque.
L'auteur, très prolifique, écrira également plusieurs trilogies ainsi que plusieurs romans indépendants. Son univers est le plus souvent celui des contes et légendes de la Turquie profonde.