Mémoires d'un libraire pornographe par Nina in the rain
Bon, en même temps, il y avait une préface d'Emmanuel Pierrat (le plus sexy des avocats collectionneurs de curiosae, qu'il appelle joliment « des livres qu'on ne lit que d'une main) j'aurais du m'en douter. Et en plus le livre est rose. Mais, naïve que je suis, je l'ai pris en toute bonne foi pour un livre professionnel sur les métiers du livre... Raté ! Ou réussi, enfin, ça dépend des pages. Mais la majorité m'a fait monter le rouge aux joues !
Bref, du coup, je me retrouve dans le métro (oui, je lis beaucoup dans le métro. Comme tous les parisiens j'y passe pas mal de temps) en train d'essayer de cacher mon trouble (ou parfois mon dégoût, je l'avoue) à ces gens qui essayent sans arrêt de lire par dessus mon épaule. Mais arrêtez ! Vous allez être choqués ! Entre deux considérations sur la rareté d'une édition, ce monsieur me raconte dans les détails une partouze chez un ami à lui ! Et quand je dis dans les détails ... Bon, cela dit, même si je ne suis ni familière ni très amatrice de littérature érotique, je pense être capable de reconnaître que dans son genre c'est un livre assez à part. Drôle, assez bien écrit, il me semble reproduire assez justement le monde sans pitié des bouquinistes qui, tout en se faisant des courbettes, cherchent à s'arnaquer gaiement les uns les autres. Le dernier chapitre du roman, particulièrement, m'a frappée à la fois par sa méchanceté et sa clairvoyance. Tout au long de ce texte, on rappelle au lecteur une froide vérité que l'on a souvent tendance à oublier (je le vois dans mes discussions avec d'apprentis libraires, ou des personnes extérieures au métier). La librairie, c'est un commerce. On est là pour faire de l'argent. Ouais, je sais, l'argent c'est sale. Ben voyons. Vous, je ne sais pas, mais moi mon épicier il n'accepte pas les bons sentiments comme mode de paiement ... Enfin bref, on n'est pas là pour ergoter sur les points communs entre l'épicerie et la librairie, mais pour parler de ce livre. Même si j'ai un peu de mal à l'avouer (un reste de pudeur naturelle, tout ça tout ça) ça m'a tout de même bien plu. Et clairement, s'il avait été indiqué sur la couverture que c'était fort épicé par moments, je ne l'aurais pas pris sur la table. Et ç'aurait été dommage.