Ce roman graphique retro-futuriste et dystopique, à l'ambiance des romans noirs des années 1950, est... époustouflant !
Après un sacré déconnage, William Drum, désormais ex-flic, est exilé dans une ville nord-américaine continuellement sous les nuages et bannie de toutes les cartes géographiques. Dans cette cité industrialisée, emmurée, il découvrira et racontera, sous forme d'un journal, les ravages d'un étrange virus qui change les gens dans un amalgame bio-mécanique...
Il n'est pas difficile de relever dans ce récit une métaphore (ou futur possible ?) de notre monde où l'obsession humaine pour la possession matérielle et l'excessive consommation se trouve confirmée par la manifestation de ce "germe" endémique.
Pour B. Lecouffe Deharme, texte et illustrations ne vont pas l'un sans l'autre, et il s'agit donc dans cet album de "lire" également les "dessins" : mélanges de peintures (numériques) et/ou de photographies travaillées (le tout en quadrichromie) dans une atmosphère sombre et menaçante.
Si l'auteur a peint beaucoup de hautes bâtisses obscures (il s'est inspiré de l'architecture de l'Ohio), l'accent est mis sur des femmes quasi nues, leur chair en partie "mécanisée". Ces planches qui dénotent un érotisme certain, peut-être obsessif, sont absolument fascinantes et on ne peut s'empêcher de les regarder encore et encore...