Il suffira d'une brise mortelle, oui d'un livre, oui d'un geste pour ... pour reposer en paix
Le temps chaud et orageux, la menace de la pluie imminente, la recherche de la moindre possibilité de brise avant le début du déluge : une fenêtre définitivement ouverte.
Celle-ci laisse alors entrer les rebuts les plus communs de la gent insectoïde, trois mouches vibrantes, manquant de toute évidence de grâce mais surtout de mon autorisation pour demeurer chez moi, la traque commence ! Sentant le déplacement de l'air provoqué par les mouvements violents à leur encontre (c'est pourquoi les tapettes à mouches sont composées de plastique troué de toutes parts), la mouche a la faculté agaçante de tournoyer dans tous les sens pour éviter de finir broyée qui par un torchon, qui par une main, qui par un objet hétéroclite.
Après plusieurs minutes de chasse, deux bêtes sont déjà à terre, agonisantes ou faisant semblant de l'être, la troisième, coriace, alterne les séquences cache/cache et de course poursuite, comme si elle avait deviné que cela pourrait avoir le don de particulièrement me déranger et d'augmenter par la même occasion son espérance de vie ... D'un geste que je veux implacable, une fois de plus je rate ma cible qui pourtant commence à fatiguer, elle hésite à abandonner la lutte et à s'enfuir par la fenêtre traitresse mais son instinct lui souffle qu'il ne faut jamais repartir par un lieu déjà utilisé (ce qui permet de créer les pièges à mouches et à guêpes, soit dit en passant), le questionnement intérieur à enfin raison de la carapace chitineuse tandis que vengeur une masse se voulant littéraire craque ce qui n'est déjà plus qu'un cadavre oscillant entre le solide et le liquide en s'étalant sur la couverture ...
Pensant enfin avoir trouvé la paix, je m'apprête à nettoyer l'instrument de la vengeance et m'aperçois alors que le hasard m'avait fait saisir "Mes élèves s'habillent en Prada" dont le principal mérite est d'avoir été commercial à défaut d'être bien écrit : se vendant comme un remède à l'ennui quotidien, racontant "d'extraordinaires anecdotes" du quotidien d'une prof d'allemand voulant jouer à la rebelle dans son "lycée huppé" avec la qualité d'écriture (l'orthographe en plus c'est vrai) de nombreux blogs sur le même thème. L'éditeur joue donc sur la curiosité du lecteur, sur un désign feuille A4 carreaux séyès, sur des promesses qui ne seront que rapidement remplies ...
Le tout n'a un intérêt qu'au début du livre, rapidement on s'ennuie, à vrai dire le quotidien d'un lycée parisien prend son sel dans la vision par une enseignante, surtout au vu de son regard un peu critique, qui malheureusement est affreusement répétitif ...
Ce n'est qu'aujourd'hui que j'estime enfin avoir pu le rentabiliser dans cette croisade sans merci, que cela serve d'avertissement, aussi bien aux mouches qu'au lecteur ...