L'aventure nous plonge dans le monde quasi-irréel d'Elisabeth, orpheline de sa mère qui s'est donné la mort suite à une histoire d'amour insatisfaite. Dans ce monde nocturne, les adultes sont retords, plein de défauts, mesquins, idiots, égoïstes ou sans coeur. S'en est trop : elle abandonnera vite toit et chaumière pour trouver refuge dans la solitude d'une vie de fuite. Pourtant M. Lerat et sa bonne épouse gagneront sa confiance, seuls adultes bienveillants et sensés dans ce monde de fous. La mort de son protecteur la laissera aux mains de l'étrange et magnifique M. Edme dans la maison de Fontfroide, où les images du Christ et de Lucifer s'affronteront en Elisabeth, aux proies entre le bien et le mal.
Julien Green nous plonge dans l'innocence et la candeur de l'enfance, dans ses sentiments entiers et généreux, ses craintes infondées, ses actes de bravoures téméraires et ses pleurs réguliers. Elisabeth est forte, brave, généreuse, aimante, impolie, fière, sensible, farouche, courageuse. Elle observe ce monde en silence, dans une solitude éternelle. Confrontée à la mort, à la rue, elle le sera à l'amour, à deux formes d'amour : le charnel et le spirituel, dans une métaphore du bien et du mal qui évoque les tourments de l'auteur. Confrontée trop tôt à la mort de sa mère, elle suivra ce destin tragique, paralysée entre ces deux formes d'amour inconciliables.
Le remède semblait pourtant à portée de main. Y aura-t-elle cru ? Mais qui y croirait. Seuls les miracles le permettent : ils existent pourtant.