Dans un Pékin menacé par les japonais et les communistes, la communauté étrangère vit renfermée sur elle-même dans un quartier occidental à la fois riche et moderne. Les ragots constituent la principale source de divertissement de l'élite diplomatique et des expatriés les plus distingués. Les moins fortunés côtoient la pègre chinoise dans le quartier voisin, lieu de débauche et de brutalité crasse. C'est dans ce contexte que le cadavre de Pamela Werner, une britannique de 20 ans à l'esprit vif et indépendant, est retrouvé violemment mutilé au petit matin du 7 janvier 1937.
Le titre peu racoleur de Minuit à Pékin cache un très bon true crime. La quatrième de couverture ne ment pas : les amateurs de ce genre apprécieront ce polar historique. Je n'avais qu'une vision floue des perturbations politiques qu'a connue la Chine à cette époque, et les explications fournies par l'auteur sont d'une clarté irréprochable. Paul French nous plonge directement dans la Chine du début du XXe siècle, sans jamais nous lâcher la main. Comme pour la plupart des true crimes, une certaine froideur découle de la mise en contexte permanente, mais l'implication du narrateur dans cette enquête est telle qu'on échappe au ton documentaire. Les informations sont divulguées avec un rythme qui permet au polar de garder tout son intérêt jusqu'aux dernières pages, et l'on découvre petit à petit que le crime sordide dont a été victime Pamela est en réalité bien plus atroce que ce qu'on pouvait présager en début de lecture.