Vingt-sept ans. C'est le temps qu'il aura fallu pour que Mister Alabama, le premier roman de Phillip Quinn Morris, soit traduit en français et publié dans notre cher pays. Ce qui, au vu de la qualité de l'ouvrage est tout bonnement incompréhensible ! Quand je vois la platitude d'une partie de la production littéraire, je m'interroge sur l'aptitude des maisons d'éditions à dénicher et proposer aux lecteurs des romans de qualité. Heureusement que certaines "petites" structures – dont les éditions Finitude, l'éditeur ayant misé sur Mister Alabama, font partie – se montrent moins frileuses que celles ayant pignon sur rue et n'hésitent pas à exhumer des romans injustement oubliés ou à donner leur chance à de jeunes auteurs talentueux (je pense à l'excellent En attendant Bojangles de Olivier Bourdeaut paru aux mêmes éditions Finitude en début d'année).
Revenons-en à Mister Alabama. L'action du roman se déroule en 1979 à Mud Creek, en Alabama. Alvin Lee Fuqua, 28 ans, ex Mister Alabama, se rêvait en Mister America afin de pouvoir être invité dans des talk-shows et s'y faire remarquer pour devenir acteur et partager l'affiche avec Burt Reynolds. Mais il n'a pas remporté le titre tant désiré et son rêve a tourné court ; le jeune homme s'est alors reconverti dans la pêche aux moules, après avoir un temps donner dans le whisky de contrebande. Mais le jour où Johnny Ray, le mentor d'Alvin, décède brutalement, victime de la maladie des caissons, son existence bascule et il va remettre toute sa vie en cause.
Chronique jubilatoire d'une poignée d'individus loufoques et névrosés, Mister Alabama est un roman enlevé et drôle, à l'ambiance singulière. Langage châtié de rigueur pour ces habitants de l’Amérique profonde plus saugrenus les uns que les autres, ce qui donne lieu à des dialogues croustillants. Le ton direct de l'auteur sonne juste et apporte de la crédibilité au récit. Ce roman est vraiment excellent et il aurait été plus que dommage que les lecteurs français ne puissent pas s'en délecter !