Mon frère est un gardien - Les autodafeurs, tome 1 par culturez-vous
Pour son entrée dans le monde des livres, Marine Carteron signe un premier tome rocambolesque et à mourir de rire où il est question du livre et du savoir. De toute époque, de toute civilisation. Une trilogie pour ados (et pour plus grands) qui s'annonce démentielle !
Auguste Mars, quatorze ans, aime « Paris, l'appart, les potes, les musées, les rives de la Seine, (ses) bouquinistes et (ses) restaurants indiens préférés ». Lorsque son père meurt, c'est donc le cœur lourd qu'il part vivre à la campagne à la Commanderie, où vivent ses grands-parents paternels, qu'il décrit comme des imitations du Père-Noël Coca-Cola et de Mamie Nova. Aussi intelligent que cynique, il n'en reste pas moins un ado de son temps qui peut passer des heures dans la salle de bain à se coiffer et s'habiller à la perfection pour être le bogosse du collège.
Césarine, sa petite sœur de sept ans, est atteinte du syndrome d'Asperger. Pragmatique à mort, obnubilée par les maths et la logique, elle utilise des Monsieur-Madame pour apprendre à comprendre les sentiments des gens.
Vous imaginez le potentiel comique de nos deux narrateurs ?!
« Pour ceux qui n'ont pas vu Rain Man et qui ont la flemme d'aller chercher sur Wiki, disons pour faire court que ma sœur est un ordinateur en socquettes qui calcule, mesure et retient tout ce qui a un rapport aux chiffres. Par contre, elle est « légèrement » asociale et elle a l'imagination d'une huître (ce qui fait que je peux lui refiler mes devoirs de maths mais qu'il vaut mieux que j'évite de lui demander de faire mon français lorsqu'il s'agit de poésie). » Auguste, page 35
Auguste comprend assez vite que son père n'est pas vraiment mort dans un accident ; que Le Négrier, directeur de son nouveau collège, n'est pas tout blanc ; que De Vergy, son prof de français (motard, anarchiste, féru de lectures en tout genre, chouchou des élèves) cache bien son jeu ; qu'il va falloir fuir les frères Montagues comme la peste.
Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'il est le descendant d'une vieille famille de La Confrérie qui a pour mission de protéger, pour vous la faire courte, les livres et le savoir. Et que les Autodafeurs sont plus décidés que jamais à leur mener la vie dure.
L'adolescent se retrouve embarqué, et nous avec, dans une guerre secrète qui se joue depuis Alexandre le Grand.
À chaque page, vous serez pris aux tripes par des aventures pleine de mystères et de suspense, au milieu desquelles la petite Césarine, qui se considère comme une artiste plutôt qu'une autiste, apporte une touche nécessaire de fraîcheur et de tendresse. Avec sa manière de voir les choses, de ne pas en comprendre d'autres, cette dernière fait preuve sans le vouloir d'un humour délicieux auquel Auguste, aussi intelligent que superficiel, répond avec un cynisme et une nonchalance ravageurs !
Les Autodafeurs évolue à mi-chemin entre Harry Potter (mais sans magie), le roman d'anticipation pour les enjeux et le traitement (mais complètement encré dans notre réalité) et Comment (bien) rater ses vacances d'Anne Percin. Tout se dévore, tout se savoure, rien n'est à jeter dans ce premier tome bourré d'adrénaline et, vous l'aurez compris, d'humour. Le genre de livre qu'on ne peut pas lâcher. Pour lequel on est tellement soulagé de savoir qu'il reste encore deux tomes à dévorer, mais dont on déteste l'auteure de nous faire attendre plusieurs mois avant le prochain.
Amis lecteurs, amis blogueurs, amis libraires, amis éditeurs, amis amis, n'hésitez pas plus longtemps : lancez-vous, vous aussi, dans une bataille qui nous importe et nous lie tous : la survie des livres.