Malgré les déceptions, je persiste à dévorer chaque année le nouveau Nothomb. Mais le dévorage est chaque année moins vorace, la dégustation moins exquise et le verdict moins convaincu. Page 139 de La nostalgie heureuse, Amélie Nothomb écrit « Je suis une aspirine effervescente qui se dissout dans Tokyo ». J'ai plutôt l'impression qu'on a ici à faire avec une écrivaine regrettée qui se dissout dans sa singularité jusqu'à en devenir une auteure ordinaire.
À trop vouloir réitérer ses meilleurs succès critiques et publics, elle s'éloigne de son talent et on peine de plus en plus à retrouver dans ses livres ce qui nous avait pourtant, pensait-on, irrévocablement accroché à son œuvre étrange et jouissive quelques années plus tôt.

En 2012, on a proposé à la Belge de retourner au Japon pour tourner un reportage sur son enfance. Elle part donc quelques jours sur l'archipel nippon avec une équipe de France 5 qui la suit partout : chez son ancienne nourrice, dans son ancienne école, à la rencontre de son ancien fiancé, etc.
Avec Fukushima, la crise et le temps qui passe, beaucoup de choses ont changé et elle ne reconnaît presque rien. Entre les déceptions qui y sont liées et l'émotion suscitée par des retrouvailles ou la découverte de certains lieux, on suit pas à pas les déambulations de la Belge née à Kobé, vivant en France, de retour au Japon. Car La nostalgie heureuse n'est pas un roman, mais plutôt une sorte de journal de bord du reportage.


Si habituellement ses romans autobiographiques sont ceux qui séduisent le plus le grand public (à peu près deux fois plus de ventes que ses vrais romans), je doute que celui-ci intéresse quiconque, à part une poignée de fans.

Côté littéraire, je peine à retrouver l'Amélie Nothomb que je connais. Entre un avant-propos déguisé en premier chapitre travaillé plus que d'accoutumée et des expressions plus que familières parsemées dans le reste du récit ( « Je crève la dalle » page 143, « Dire que c'est moi qui ai enseigné le français à ce gars ! » page 112, etc.), le style est complètement aléatoire, moins percutant, moins drôle et le propos moins intéressant. À moins que ce ne soit l'effet de la lassitude.
Une déception de plus qui m'aura toutefois permis de comprendre pourquoi la plupart de ses derniers romans souffrent d'une absence de fin : page 70, elle cite Flaubert, « La bêtise, c'est de conclure. »

La nostalgie heureuse est certainement son plus mauvais roman ; un livre très moyen, au style et à l'humour bâclé, assez inintéressant et qu'il convient de ne pas le conseiller aux non-fans, qui ne comprendraient pas du tout l'engouement autour d'Amélie Nothomb. Il y en a tant d'autres à lui préférer dans la vingtaine qu'elle a publiée pour ne pas perdre de temps avec celui-ci.
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le 19 août 2013

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