"L'important, ou plutôt ce qui était vital, c'était son absence.
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Titaua Peu est une autrice que j'ai découvert au salon du livre de Paris, au stand des littératures Océaniennes, avec son magistral "Pina". Cette lecture m'a profondément marqué et m'a laissé un souvenir qui reste vif malgré les 5 années écoulées. Elle a un talent certain pour aborder les pans sombres de la vie humaine, sans que les mots ne soient étouffant mais sans aucune complaisance avec le lecteur. Ce que l'autrice raconte est difficile, ses récits parlent de violences coloniales, de genre, de classe, d'âge, et il n'est pas permis de détourner les yeux. Titaua Peu est une femme brillante, militante engagée et cela transpire de chacun de ses mots.
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Dans ce récit aux allures autobiographiques, elle aborde les essais nucléaires français en polynésiens, SSes conséquences, ainsi que son propre rapprochement avec les indépendantistes. Elle utilise les mots que d'autres ne veulent ou ne peuvent pas, plus, utiliser. Eux à qui "on" a volé la parole, et qui peuvent ériger le silence jusqu'à la fierté. Pourtant la colère est là, elle couve. A défaut de mots, elle s'exprimera par la violence physique, la lutte syndicale, les manifestations, quitte à en perdre pied.
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"La violence, telle une seconde peau, avait revêtu la couleur de la crasse. Cette violence puait, elle haïssait "l'étranger" et battait ceux qu'on dit aimer".
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Si l'autrice n'épargne pas la violence coloniale dans son approche, tout comme dans son précédent livre elle abordé également la violence de l'intime, celle adultiste et patriarcale : violences conjugales, maltraitance infantile, violences sexuelles... Tout ce qui peut être caché, tus derrière les murs des maisons, Titaua Peu va l'écrire.
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Alors tout comme son précédent livre je ne peux que vous conseiller de lire ce livre, pour découvrir la Polynésie. Grâce à son talent vous irez au-delà des cartes postales et du silence de vos cours d'Histoire.