Tradition de la révolte et du rire aigre
En farfouillant dans ma bibliothèque je suis retombé sur ce bijou qu'est Mystère Bouffe, cette claque dans la face si jamais vous avez un jour la chance de voir une représentation de cette pièce (l'interprétation de la Comédie Française était tout simplement géniale). Voulant tout de suite la noter de manière dithyrambique sur SC, je cherche sa fiche et oh SURPRISE, SCANDALE SANS NOM, il y a bien quelques oeuvres de Dario Fo, mais il n'y a pas Mystère Bouffe !
Ni une ni deux, je rajoute la fiche et je commence à rédiger cette critique de propagande !
Dario Fo part du postulat, lors de la rédaction de cette pièce, que la société est trop rigide (oui par ce que le bonhomme a des tendances anarchistes et a connu la période Mussolinienne, il faut le préciser) et qu'il est temps en tant qu'homme de lettre de revenir aux origines du théâtre populaire ! Car qu'est-ce que le théâtre ? C'est au départ certes une manière de transmettre, de sacraliser des scènes mythologiques puis religieuses, de démontrer son talent d'acteur et/ou de rédacteur puis le théâtre "de privilégié" va peut à peut se faire exproprier par la foule ... Ainsi on passe à des reprises, des "Grand détournements" de l'époque ou le peuple reprend des scènes classiques pour parodier et critiquer pour montrer le ridicule de certaines situations ou de certains personnages ...
Désirant donc rendre ce théâtre de l'irrévérencieux, de la critique acerbe, du comique et de l'émotion avec des personnages connus dans des situations décalées ou des personnages du peuple.
Ne cédant pas à la facilité de la critique simplette, il imprègne ses personnages d'une émotion, d'une force qui nous tient rivé aux pages qui défilent rapidement, on rencontre un pape, on passe par le massacre des enfants par Hérode, on apprend comment nait le jongleur et tant d'autres choses !
Or toutes ces situations nous sont transmises via la narration, ce qui en fait tout le sel : un seul personnage est sur scène et c'est lui qui narrateur nous donne sa version des faits, joue de la grimace et de la voix pour nous faire revivre ces tableaux ! Ceci insuffle un dynamisme joyeux qui nous emporte avec lui !
Le tout tient de la farce, de la comédia dell'arte et de récits moyen-âgeux soupoudrés de références grivoises, d'évocations scatologiques et à un travail sur l'accent des personnages qui n'est pas toujours retransmis dans les différentes scènes ... Un plaisir que je vous invite à découvrir !