La lecture de cet ouvrage est tout simplement édifiant. L'auteure revient sur les scandales sanitaires de ces dernières années, entre autres les empoisonnements aux pesticides, le bisphénol A ou bien encore l'aspartame. Surtout, elle nous livre les écrans de fumée derrière lesquels se cachent les industriels : les études truquées, le lobbying, les menaces ou bien encore la Dose Journalière Acceptable (DJA), gigantesque mascarade sans aucun fondement scientifique. Elle démontre également que contrairement à la fameuse maxime de Paracelse "La dose fait le poison", les produits chimiques utilisés de nos jours ont la possibilité de s'accumuler dans les graisses aussi bien animales qu'humaines (l'exemple par exemple d'un empoisonnement aigu par inhalation de pesticides qui continue à avoir des effets des années après) et la malformation des foetus à cause de l'absorption par les mères de perturbateurs endocriniens lors de phases critiques de développement pour ne citer que les tristes exemples dont je me souviens.

Comme dit précédemment, elle nous dévoile également les ficelles tirées par l'industrie pour pouvoir mettre leurs produits sur le marché, notamment l'utilisation d'études tronquées (choix douteux de groupes témoins, mélange des groupes d'étude dans les études épidémiologiques...) et la publication massive de mauvaises publications pour noyer les bonnes dans la littérature scientifique. Dans le dernier cas, il est assez choquant de voir que les études menées pour tester l'inocuité d'un produit chimique par l'industrie peut consister en une étude très courte (pas assez longue pour "détecter" des problèmes sérieux), ou une étude menée avec des pratiques douteuses (avec l'exemple d'une étude où des rats de laboratoire sont morts à un certain point puis vivants plus tard), ou encore une étude menée sur des souches d'animaux génétiquement modifiés résistants aux cancers par exemple...

Mais cette étude ne dresse pas qu'un tableau sombre de la situation. Marie-Monique Robin a en effet rencontré des personnes, chercheurs et non-chercheurs, qui veulent faire bouger les choses en dénonçant la main-mise des grandes entreprises sur les organismes de notation mondiaux. Par exemple, la prise de conscience de la MSA (mutuelle sociale agricole) quant à la dangerosité des pesticides et la reconnaissance de nouvelles maladies professionnelles, les associations de victimes (je pense que ce mot peut être employé ici) de produits aux effets secondaires inconnus (comme ces femmes et hommes nés de mère ayant pris un certain médicament contre les nausées pendant la grossesse et présentant désormais des risques accrus de cancers), ou encore tous ces chercheurs indépendants qui luttent chaque jour pour que l'opinion publique soit mise au courant des vrais effets de ce qu'elle consomme.
Nirruob
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le 18 mai 2012

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