Nous étions des êtres vivants mélange deux éléments à priori contradictoires : un sujet tristement banal (le rachat d’une entreprise) et une forme puissamment lyrique, qui n’est pas sans rappeler les tragédies antiques : une langue ciselée, des monologues alternés de différents personnages, la présence d’un choeur, voix collective anxieuse, et surtout des personnages qui semblent ne rien contrôler, portés par les évènements et les désiratas de leur nouveau patron, comme des Oedipe condammnés à être les acteurs passifs de leur destin. Comme dans une tragédie antique, ce sont les sentiments et les caractères les plus durs et les plus extrêmes qui d’abord apparaissent subtilement, puis explosent : la colère, la lâcheté, l’avidité, une certaine forme de folie, d’autant plus surprenante qu’elle prend pied dans un univers très quotidien. Le livre est très prenant, et les dernières pages tombent comme un couperet. Bref, géniale et puissante lecture sur le monde du travail et sa dureté.

Exploratology
10
Écrit par

Créée

le 9 août 2016

Critique lue 271 fois

Exploratology

Écrit par

Critique lue 271 fois

Du même critique

Habibi
Exploratology
8

Critique de Habibi par Exploratology

Une œuvre-fleuve magistrale, torrent de passions, lourde de 700 belles pages. Cette BD dévoile le destin de Dodola et Habibi, de leurs mésaventures d’enfants-esclaves à leur quête de liberté et...

le 3 mars 2014

4 j'aime

Le Nao de Brown
Exploratology
8

Critique de Le Nao de Brown par Exploratology

Le Nao de Brown c'est entrer dans l’univers de Nao, une illustratrice mi-anglaise mi-japonaise au sourire radieux et aux yeux pétillants, pourtant tourmentée par des pulsions meurtrières qu’elle...

le 3 mars 2014

4 j'aime

Le Tireur
Exploratology
10

Critique de Le Tireur par Exploratology

Quand j’ai tiré de mes rayonnages Le Tireur de Swarthout, pas moyen de me souvenir comment et où j’étais tombée sur cette sombre histoire de cow-boy et pourquoi je l’avais emprunté. J’ai commencé à...

le 9 août 2016

3 j'aime