À l'usage des sceptiques

Avec ce livre, Leslie Kean s'adresse avant tout aux septiques et personnes mal informées pour les sensibiliser à la réalité d'un phénomène qu'ils refusent, considèrent comme ridicule, mais dont ils ne savent surtout rien.

Dans cet objectif, elle se limite à des cas très documentés impliquant des militaires (souvent de haut rang), des pilotes confirmés (qui ne prennent pas des vessies pour des lanternes), des politiques; et souvent confirmés par des preuves physiques, pas seulement des photos, mais des enregistrements radars ou des traces au sol. Ces traces physiques sont commentées par des témoins de haute crédibilité.

Le livre n'a pas pour objectif de couvrir l'ensemble du phénomène ovni, et ne seront pas abordés les sujets les plus délicats, spectaculaires, mais surtout controversés propres à faire fuir les septiques, tels que : rencontres du 3è et 4è types (= rencontres avec des aliens hors ou dans un astronef), enlèvements, implants, mutilations de bétail, men in black, crop circles, personnes prétendument “contactés”, ou affaire UMMO, encore moins les cas de crash d'ovnis même les mieux documentés (Roswell, ou Varginha au Brésil).

Le livre évite donc tout sensationnalisme, encore que certains cas bien établis devraient stupéfier les ignorants comme celui de Phoenix en 1997, confirmé et raconté par le gouverneur de l'Arizona, ou celui de la forêt de Rend­le­sham en 1980. Sont également exposés le cas de la vague belge de 1989, par le général De Brouwer chargé des opérations militaires visant à clarifier la nature du phénomène, et le cas très similaire de la vallée de l'Hudson au début des années 1980 qui avaient également connus des dizaines de milliers de témoins (incluant des policiers) mais qui avait été superbement ignoré par les agences gouvernementales et les médias nationaux.

Leslie Kean montre que malgré le tabou et l'aveuglement dont font preuve officiellement les USA, le phénomène est traité sérieusement par certaines nations, et au premier chef la France, mais aussi la Grande-Bretagne, le Chili, le Brésil, le Pérou, et quelques autres, qui ont ouvert des agences officielles d'étude du phénomène (en France, le GEIPAN, dès 1977), et rendu leurs archives publiques sur internet.

Elle montre aussi que chez ces nations l'intérêt est réel chez les militaires dont la fonction est de protéger le territoire et qui ne peuvent pas délibérément ignorer une potentielle menace de nature inconnue. Cet intérêt s'est concrétisé en France par la publication en 1999 du fameux Rapport COMETA rédigé par des militaires et des ingénieurs, et destiné au président de la république et au premier ministre. Ce rapport est disponible dans le commerce à un prix modique. Il a parfois été source de motivation pour des militaires américains cherchant à en savoir davantage et qui menèrent des investigations isolées aux USA.

Dans une dernière partie, Leslie Kean traite des raisons du tabou, laissant la parole à des universitaires américains qui évoquent la crainte des USA de montrer son incompétence face à un phénomène « surhumain ». Cette incompétence supposée se substitue à des hypothèses plus sensationnelles mais sans preuves directes comme raison du secret entourant la question, telle que la possibilité d'alliances (ou de conflits) avec certaines races extraterrestres. En l'état, de telles hypothèses relèvent de la théorie du complot et ne provoquent, avec raison, que rejet et commentaires ironiques de la part des septiques.

Les impacts potentiellement dévastateurs sur le plan culturel d'un contact ouvert avec les extraterrestres sont à mon avis trop rapidement évoqués. Il est manifeste que de nombreux humains ne sont pas préparés à une telle révélation pour des raisons religieuses ou culturelles, ou simplement par peur. Même une rencontre avec une civilisation très bienveillante pourraient totalement désorganiser notre société. Que deviendraient nos croyances, nos philosophies, notre économie, la valeur du travail, l'intérêt d'une recherche scientifique, la pertinence des professions médicales, et plein d'autres choses si nous rencontrions une civilisation qui apporte toutes les connaissances et nous abreuve de tous les bienfaits ? Ce point essentiel de réflexion qui explique pourtant l'absence de contact « officiel » avec les extraterrestres n'est malheureusement qu'effleuré.

Globalement, le livre remplit pleinement sa fonction d'informer un public ignorant ou réticent. On peut lui reprocher d'être un peu trop verbeux par moment, et j'ai peur qu'il soit un peu trop long pour maintenir jusqu'au bout l'intérêt d'un public peu acquis à sa cause. Il ne faudra donc pas hésiter à survoler les passages de moindre intérêt pour éviter un désintérêt complet avant la fin. Aux personnes qui connaissent déjà bien le sujet, le livre apporte peu ou aucun fait nouveau, ni aucune nouvelle interprétation du phénomène, et l'achat n'aura d'intérêt que pour prêter le livre aux amis septiques.