"Objets de splendeur" (Ed. Bernard Campiche, 1996) est le deuxième livre que je découvre et dévore de l'auteure suisse, Anne CUNEO. Trempée dans l'Histoire, merveilleusement bien documentée, sa plume nous propose le récit des états amoureux de William Shakespeare pour sa Dark Lady. Ce n'est pas l'Histoire, ce n'est qu'un roman ... mais c'est un bon roman! Sans jamais écraser le lecteur de détails historiques qui font perdre le fil du récit, l'auteure nous entraîne et nous fait vivre ce Londres des querelles religieuses puritaines, des complots, des manigances pour le pouvoir, des intrigues courtisanes, mais aussi des années noires de la peste, des conditions rudes de l'existence et de la précarité des gens du peuple, artisans, apprentis, comédiens ... Et c'est là, pour moi, l'intérêt majeur de ce livre, il nous permet de rentrer dans le monde du théâtre de cette époque. Son interdiction faisait des comédiens d'infatigables clandestins, toujours prêts à s'entraîner, à répéter, à monter et démonter les théâtres pour pouvoir continuer à jouer! C'est l'époque d'un extraordinaire foisonnement de productions théâtrales, d'écritures et d'inventions techniques en plateaux de jeu, coulisses, machineries de toutes sortes. Le livre ne date pas de hier (1996) mais l'époque qu'il relate date bien plus encore... Cependant, les pièces de Master William se jouent encore, les comédiens et le théâtre restent des facteurs de divertissement, de réflexion et d'éducation pour notre monde. On y a le droit d'y rire, de se moquer du travers des puissants comme des petites gens, de réfléchir sur la destinée du monde par le biais du pouvoir que nous pouvons prendre sur nos propres vies. Nous le devons à tous ceux qui, au travers des siècles, se sont battus pour que vive le théâtre, le divertissement et la liberté d'expression. Cela aussi, Anne CUNEO nous le rappelle avec sa manière de nous raconter l'Histoire à travers un histoire. Un vrai bon moment de lecture!