Qu'est-ce que je suis cruche, des fois...
Je viens de relire l'Ode à Cassandre et j'avoue que je suis restée sans voix. Je me suis longtemps laissée abuser par ce "Mignonne", que j'associais au registre enfantin et à cette fameuse rose, un peu désuète à mes yeux d'adolescente.
Plus de vingt après, je découvre en Ronsard un fin stratège, mettant au point au technique de séduction particulièrement élaborée, afin de convaincre sa belle de finir au lit.
Il commence par la comparer à une rose, afin de mettre en valeur ses atouts (son teint, sa robe) et flatter ainsi sa future victime. Dans la seconde strophe, arrive la mise en garde avec la menace du temps qui passe. La belle finira comme cette rose : toute flétrie.
Puis, le bougre propose une alternative dans la troisième et dernière strophe : le Carpe Diem et c'est bien trouvé. C'est vrai, puisque rien ne dure, autant en profiter maintenant. Toutefois, ce n'est pas l'homme sage qui parle, non, il s'agit seulement de servir ses intérêts pour arriver à ses fins.
Mais, plus que la stratégie mise en place, c'est le message chargé d'érotisme du poète qui m'a surprise. La rose, je trouvais ça désuet à l'époque. Aujourd'hui, je sais que le bouton de rose est un nom fleuri pour désigner le clitoris. Et si le poète insiste tant sur cette robe, c'est parce qu'il irait bien voir ce qu'il y a en dessous...Quel coquin, ce Ronsard !
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