On aura tout vu par Cinemaniaque
On aura tout lu : sous forme d'un abécédaire non-respecté et très jouissif, bourré d'anecdotes et d'humilité, Lautner reconnait ses daubes, ses films purement alimentaires mais défend aussi des navets auxquels il est malgré tout attaché. Il raconte comment il s'est fâché avec Paul Meurisse qui ne voulait pas d'une actrice plus grande et moins belle que lui pour le Monocle, comment Belmondo refusait de faire de la moto parce qu'il n'était pas à l'aise, tout le travail de fou qu'il a pu accomplir avec Rémy Julienne sur les cascades, comment il a du modifier des scénarios en cours de route à cause de producteurs douteux ou stars capricieuses, et comment le cinéma pour lui n'a jamais été qu'une manière de gagner sa vie et de rester avec ses potes, sa "famille", comment il est s'est comporté pendant 40 ans comme un artisan plutôt que de prétendre être un artiste. Quelques mots reviennent régulièrement dans ces 270 pages : "amour", "famille", "système Démerde", "cinéma". Parce qu'il est franc et humble, avec une verve pleine de jeunesse pour un homme de 81 ans à l'époque de l'écriture, Georges Lautner touche au sublime bien des fois, aussi bien quand il parle de cinéma que de son épouse disparue, de ses amis qui l'ont défendu (sublime lettre de Michel Audiard à la critique cinématographique) aux tristesses éprouvées bien des fois pendant sa carrière. Longtemps sous-estimé voir moqué, Georges Lautner reste encore aujourd'hui un formidable conteur et une figure essentielle du cinéma français, vu ses collaborations et ses succès. Le livre est la somme de ces années de dévotion envers le septième art ; un cadeau de plus de la part de ce samaritain de la culture populaire que je ne cesserai jamais d'admirer.