Les catastrophes naturelles, c'est trop rigolo !

Comme je regrette d'avoir sélectionné ce livre pour l'opération Masse critique Jeunesse sur Babelio ! C'est d'une nullité absolue. Les dessins sont peu originaux, plagiés sur le style des films d'animation "Wallace et Gromit" (en moche). L'écriture est, elle, d'une platitude sans nom. Aucun rythme, aucune imagination, aucun style... Il n'est d'ailleurs pas inutile de savoir que l'auteur, s'étant mis en tête de raconter des histoires de sa région, s'est improvisé dessinateur, écrivain ainsi qu'éditeur. Vous trouverez donc dans son catalogue essentiellement des livres de sa composition. Je cite : "Il a pris ses pinceaux, ses tubes d'acrylique et son logiciel de traitement de texte et voici le résultat." M'est avis qu'il aurait mieux fait de s'abstenir ; lorsqu'on veut s'atteler au dessin et à l'écriture, on y travaille un minimum. Ce qui, ici, n'a visiblement pas été le cas.
Venons-en maintenant à l'humour, censé être le fil rouge de cette adaptation d'une histoire vraie, l'éboulement du mont Granier en Savoie, qui s'est soldée par des milliers de morts. C'est un peu comme faire de Pompéi ou du tsunami de 2004 une histoire drôle : c'est donc, de mon point de vue, de très mauvais goût. Histoire d'en rajouter, l'auteur nous sort une bonne blague bien fine : la petite bergère de l'histoire, Ninon, aurait provoqué l'éboulement à cause d'un papier de chocolat "Smikers" ; oui, parce que, pour faire rire les enfants, qui sont stupides comme chacun le sait, il faut forcément faire référence à du bon gros consumérisme et à des jeux de mots bien ringards. Enfin, les habitants, furieux contre Ninon, se jettent sur elle en criant "Pan-pan-cul-cul !" dans une sorte de lynchage collectif auquel elle échappe de justesse (c'est vrai que les scènes de lynchage c'est aussi drôle que les catastrophes avec des milliers de morts). Ici, les mots me manquent... Je n'ai déjà jamais trouvé drôle cette manie qu'avaient les vieux de nous menacer d'un "Pan-cul-cul" quand j'étais gamine (à vrai dire, les fessées, j'ai jamais trouvé ça très drôle, de toute façon). Mais reprendre aujourd'hui cette espèce de vieille plaisanterie un peu puante dans un livre pour enfant, c'est non seulement affreusement ringard, mais également complètement à côté de la plaque.
Certains argueront peut-être que je manque d'humour. Or, je suis plutôt adepte de l'humour noir. Mais il ne s'agit absolument pas de ça ici. L'auteur prend juste les enfants pour des cons, pensant que son piètre niveau de création sera bien suffisant pour eux. Et ça, avec moi, ça ne passe pas du tout.