Pari réussi pour ce premier roman!
Le premier roman de Romain Sardou est un thriller médiéval bien construit, dynamique, qui entremêle trois intrigues amenées à converger là où tout a commencé, dans le diocèse imaginaire de Draguan, au nord des Pyrénées, et plus particulièrement dans le mystérieux village d'Heurteloup. Trois intrigues menées par 3 hommes d'Eglise aux caractères et aux motivations bien opposées!
Au début (les 20 premières pages), il est difficile d'accrocher tant l'auteur utilise un vocabulaire ancien et difficile à décrypter, mais dès que l'on entre dans le vif du sujet, on est absorbé par cette histoire où les conflits internes à la religion catholique font rage, entre partisans d'une Eglise "traditionnelle" et défenseurs secrets d'une Eglise mêlant le Christ et Aristote pour le meilleur et pour le pire.
Plus on avance dans le roman, plus les chapitres sont courts, ce qui amène à dévorer l'histoire.
Toutefois, la fin est un peu expédiée (surtout l'avant-dernier chapitre qui aurait été largement dispensable car on ne comprend pas très bien pourquoi ce revirement subit de situation au vu de la puissance des moines aristotéliciens), mais cela n'enlève rien à la grande qualité de ce livre!
Concernant l'édition en elle-même, quelques remarques :
La couverture est totalement appropriée (illustration du texte "La vision de Tondale", de J. Bosch, qui racontait les visions que le Chevalier Tondale a eues de l'enfer et du paradis durant 3 jours d'inconscience). La version illustrée n'apporte rien, les lithographies sont assez illisibles et plutôt moches, et de toutes façons, le roman laisse suffisamment place à l'imagination pour que les illustrations soient superflues. L'éditeur aurait bien mieux fait de corriger les quelques fautes d'orthographe ou même de français qui font quand même tiquer ("le vième siècle", "elle avait revêti"., "des vaet-vient", "des dépenses somptueuses", "le coffrage (pour dire le coffre)"...) qui émaillent le roman, ou d'ajouter un glossaire à la fin de l'ouvrage comme l'avait fait Robert Merle dans son Fortune de France.