Un témoignage sur la Commune de Paris

Les 4 textes composant ce livre ont été écrits peu après la Commune de Paris. Ce livre est très court (il faut environ 2 jours pour le lire) et se focalise sur les bâtiments incendiés par les Communards pendant la Semaine sanglante. Les auteurs de ces textes, contemporains des évènements, sont largement du côté des Versaillais. Ils vantent plusieurs fois leur intrépidité, leur courage tandis que les Communards sont dépeints comme étant "insensés" et haïssant "la propriété privée". Ils souhaitent, en outre, que les évènements servent de leçon aux générations suivantes, la révolte ne pouvant se terminer que par des ruines !

Une chronologie détaille assez bien les évènements entre la fin du Second empire et la fin de la Commune. Elle commence le 1er septembre 1870, avec la capture de Napoléon III et se termine avec la Commune, le 28 mai 1871 en passant par la proclamation de la Troisième République (le 4 septembre 1870) puis par l'armistice entre la France et la Prusse (le 28 janvier 1871). Les exemples de lois et d'innovations sociales que la Commune essaye d'appliquer, comme la séparation entre l'Eglise et l'Etat sont peu nombreux. Les procès et les exécutions des Communards sont trop rapidement évoqués, sans chiffres, ni exemple. Il ne faut pas oublier qu'environ 20 000 Communards sont fusillés après les combats. Des quartiers où se déroulent les combats sont mentionnés mais ne sont pas indiqués par des cartes ! Il est donc impossible de bien se représenter à quelle vitesse les Versaillais reprennent le contrôle de la ville.

Le gros du livre est un inventaire des monuments incendiés par les Communards pendant la Semaine sanglante. Les photos et les gravures, d'époque, sont très nombreuses et montrent les endroits avant et après les combats. C'est très impressionnant : certains quartiers ou bâtiments, reconnaissables de nos jours, sont complètement en ruines. Bémol, encore une fois, pour l'absence de cartes, quand on est pas parisien, il est impossible de localiser ces lieux mentionnés. Chacun d'entre-eux est accompagné d'un texte récapitulant son histoire, son rôle au moment des faits et son devenir - reconstruction ou démolition définitive - après les combats. Ces textes d'époque sont complétés par des notes indiquant le rôle actuel du bâtiment (ex la gare d'Orsay, transformée en musée de nos jours, est construite sur les ruines du Conseil d'Etat). Les Parisiens de l'époque semblent attachés à leur patrimoine. Par exemple, plusieurs pétitions sont lancées pour tenter de reconstruire le Palais des Tuileries. Des habitants risquent leur vie, sous les tirs des soldats, pour arrêter des incendies.

Ce livre, très court, n'est pas vraiment une bonne intro à la Commune de Paris. Même si la chronologie présente en début d'ouvrage permet de bien situer les évènements, il se préoccupe finalement que de certains éléments. Le livre est surtout intéressant pour qui s'intéresse au renouvellement urbain, à la notion de patrimoine bâti ou bien à la ville de Paris. Les conséquences quant à l'aspect de Paris sont très développées. Les documents d'époque sont très nombreux. D'autres aspects sont absents. Les motivations des protagonistes ne sont que survolées. La volonté de progrès social des Communards n'est pas développée. Ils sont décrits, pour la plupart, comme des insensés : ils mettent la tête de personnes à prix, interdisent des journaux et quitte à être vaincus, ils préfèrent tout saccager ou s'en prendre à des symboles. La suppression de la Garde Nationale, fortement impliquée dans la révolte, le sort des leaders, les exécutions, les déportations ne sont pas racontés, sûrement parce qu'ils ont eu lieu après l'écriture de ces textes.