Je ne pouvais pas faire autrement que de lire ce "Paris va mourir". Ceux qui me connaissent le comprendront aisément.
Francis Ryck est mort en 2007 à l'âge de 87 ans. Lorsqu'il publie "Paris va mourir" en 1969, un an après les événements de mai, la France est soumise à la pression de l'idéologie maoïste. Celle-ci sert de point d'ancrage au sujet de ce petit livre intéressant pour immerger Paris dans une vague terroriste réaliste, et oh combien! d'actualité. Attentats sur un bateau-mouche, contre le Paris-Vintimille, ou dans des bus bondés, provoquant des dizaines de morts... Scènes, hélas, crédibles de nos jours, bien évidemment, mais seule la cause terroriste a changé.
L'intérêt de ce roman est de situer l'action au cœur du groupe terroriste via un agent des services secrets qui infiltre le réseau. Malgré les non-dits et l'absence de revendications, on comprend très vite que le terrorisme semble n'être qu'un faux-semblant dont les commanditaires pourraient n'être autre chose que de simples extrémistes.
Ce qui est remarquable dans cette histoire, c'est la troublante ressemblance entre le déroulement de la fiction, que je rappelle située en 1969, et le déroulement des attentats de 2015. Groupuscule de personnages perdus entre l'idéologie et le rejet de la société dans les deux cas, manipulations par des artisans extérieurs au pays, groupes de pression dont les intérêts paraissent bien dérisoires, enjeux planétaires qui échappent au commun des mortels, tels sont les ingrédients de cette histoire plus que jamais d'actualité.
Finalement, les auteurs d'aujourd'hui n'ont rien inventé sauf à mettre au goût du jour des intrigues proposées il y a bien longtemps. Ne dit-on pas que l'histoire est un éternel recommencement.
A lire sans aucun doute car bluffant.
Seul regret : quelques coquilles... Cela ne retire rien à cet intéressant polar.