Père des mensonges par Cédric Moreau
« Père des mensonges » est le deuxième livre – le premier roman – de Brian Evenson, ancien prêtre Mormon. Suite à la parution de son premier ouvrage, un recueil de nouvelles intitulé « La Langue d’Altmann », il fut contraint de quitter l’Eglise Mormone qui menaçait de l’excommunier, considérant le contenu de ses écrits blasphématoire. Je n’ai pas lu ce recueil, mais, s’il est du même acabit que ce « Père des Mensonges », je peux aisément comprendre l’embarras de l’Eglise, Brian Evenson s’évertuant ici à dresser un portrait au vitriol de la religion où il ne ménage pas l’institution.
Le roman raconte comment Eldon Fochs, doyen d’une secte religieuse, meurtrier et attiré par les jeunes enfants, va réussir à échapper aux accusations portées contre lui, en trompant son monde et en obtenant l’appui des hautes instances de sa congrégation qui vont tout faire pour étouffer le scandale, quitte à excommunier les fidèles qui osent se dresser contre l’autorité suprême. Le récit est mâtiné de prenantes analyses psychologiques réalisé par un psychiatre que consulte Eldon Fochs afin de donner le change auprès de sa femme qui s’inquiète des paroles choquantes et vicieuses que ce dernier livre pendant son sommeil, à l’opposé de son rôle de doyen respectable et respecté. De plus, par un habille procédé que je ne dévoilerai pas ici car cela mettrait à mal son effet, l’auteur parvient à nous fait entrer dans la tête du personnage, nous confrontant à sa folie dans ce qui sont assurément les meilleurs passages du livre.
En conclusion, je dirais que ce roman est un livre qui, pour peu que l’on soit croyant – ce qui n’est pas mon cas – peut s’avérer dérangeant, mais c’est un livre particulièrement intéressant et très bien écrit.