Au Nom de la Mère
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Il y a encore trois ans, je lisais pas mal.. Puis avec le temps, j'ai arrêté. Puis de nouveau, j'ai décidé de me remettre un peu à la lecture. Et en tant qu'amoureux de l'univers de "Peter Pan" (j'ai vu TOUT ce qui a été fait concernant cet univers au cinéma), je me suis dit que ça pouvait être pas mal de découvrir enfin l'œuvre originale et originelle de J.M. Barrie, pour me remettre dans le bain, littérairement parlant. Et ce livre a pleinement réussi à raviver la flamme littéraire qui s'était éteinte en moi.. Il m'a rappelé pourquoi je lisais. Et aussi pourquoi j'aimais tant cet univers fantastique du Pays de Nulle Part. Et pour tout vous dire, durant les 15 premiers chapitres, ma note stagnait à 8/10.. Puis sont arrivés les deux derniers chapitres, accompagnés de frissons et de larmes aux yeux.. Et ce sont ces mêmes frissons qui m'ont ordonné de mettre un 9/10, puis un 10/10.
Ces deux derniers chapitres sont une réelle perfection. Ils résument idéalement toute la symbolique qu'engendre ce conte, cet univers, cette histoire.. La représentation de la jeunesse et de l'insouciance sous les traits de Peter, celle des regrets des adultes sous les traits de Wendy.. Puis cette dernière phrase, qui rend l'enfance éternelle. C'est magnifique, une merveille d'écriture.
De toute façon, l'ensemble de ce livre est une merveille.. Ce n'est même pas une pépite, c'est une véritable mine d'or. Il suffit d'y entrer, et de contempler chaque recoin qui nous est décrit. En seulement 240 pages, Barrie nous donne l'impression de voyager pendant des semaines. Seulement 240 pages et la folle découverte d'un monde qui nous fait redevenir enfant. Le lagon des sirènes, la cabane des garçons perdus, la forêt, le bateau des pirates.. Et j'en passe ! Tant d'endroits à découvrir dans ce livre comme dans un rêve.
Si ce livre est une merveille d'écriture, c'est aussi et surtout, à mes yeux, grâce à la force des comparaisons et des métaphores de Barrie. Celle qui m'a peut-être le plus marqué, c'est celle qui intervient lors de la description de l'infâme Capitaine Crochet et de ses sentiments envers Peter : "Tant que vivrait Peter, ce pirate obsédé se sentirait comme un lion dans la cage duquel est entré un moineau". Quelle adresse dans l'utilisation de cette image, qui représente à merveille la situation de ces personnages. Ou encore : "il était le héros de tellement d'aventures que tout ce que je vous raconte de lui ne représente qu'une goutte d'eau dans la mer". Une belle image, à la fois en ce qui concerne Peter, mais aussi la jeunesse, puisque c'est un peu ce qu'il symbolise. L'utilisation abondante et très intelligente de métaphores concernant un personnage qui lui-même en est une, c'est beau.
Le fait de ne pas centrer l'histoire sur un seul personnage, et de naviguer (à l'instar des pirates) entre les différents lieux et personnages à chaque chapitre est aussi une belle façon de nous faire voyager et découvrir chaque recoin de ce monde imaginaire et merveilleux. Comme si on ne vivait pas une aventure, mais plusieurs. La noirceur de cette œuvre originelle, un peu édulcorée dans la version Disney, m'a également beaucoup plu. Non, tout n'est pas rose au Pays de Nulle Part. Non, Peter n'est pas le petit enfant modèle.. Il est, comme beaucoup d'entre eux, un peu égoïste, et loin d'être la gentillesse incarnée. N'oublions pas que Peter tue (à ne pas lire à la française, attention). Il tue les ennemis tels que les pirates, ordonne aux autres enfants de tuer ces mêmes pirates avec lui (la jeunesse qui tue la vieillesse) et lui-même tue les garçons perdus qui grandissent trop à son goût. Donc oui, la notion de mort est présente dans l'univers de Peter Pan, symbolisant le triomphe de la jeunesse en un lieu fantastique : le Pays de Nulle Part. Peter représente donc la jeunesse et tout ce qu'elle engendre, et en agissant ainsi, il symbolise le fait que les enfants ne veulent pas grandir, ne veulent pas devenir adultes, veulent rester gais.
Sans oublier la magnifique idée concernant la conception des fées. Lorsqu'un bébé rit pour la première fois, une fée naît. D'où le fait qu'elles (et surtout Tinn Tam) s'entendent bien avec Peter, l'enfance incarnée. Et d'où le fait également que les fées ne vivent malheureusement pas très longtemps, puisque nous sommes bébés pour assez peu de temps..
Ce livre m'a redonné goût à la lecture, et m'a confirmé une chose : il faut que je commande plus de bouquins. Je vais m'y remettre, sérieusement.
Mais cette œuvre m'a également redonné autre chose : les souvenirs et les rêves de mon enfance.. Accompagnés de l'envie d'avoir à demander un jour : "Petit garçon, pourquoi pleures-tu ?" et de voler, prendre la deuxième à droite et ensuite, tout droit jusqu'au matin.
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Créée
le 1 juin 2016
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