En 2011 sortait "La planète des singes : Les origines" (aaaah, vive les traductions françaises) qui, malgré ce que laissait présager ce titre français hautement merdique, ne se contentait pas d'être un simple prequel. Ce film avait la particularité d'être à la fois un prequel et un reboot.. Prequel puisqu'il explique ce qu'il s'est passé avant le tout premier film de 1968, reboot dans le sens où pour cela il montre la naissance de César et le début de la révolte qu'il a orchestrée, alors que tout ceci avait déjà été montré de façon un peu différente à partir du troisième film de "la vieille saga" (Les évadés de la Planète des singes).. Ainsi, on a un prequel du premier film, mais qui ne prend pas en compte ce qui a été fait et dit à partir du troisième film.. Et si on le prend dans ce sens là, ce reboot était plutôt cohérent, et assez bien écrit. Les acteurs étaient très corrects, la réalisation plutôt bonne. Le réalisme des primates était déjà fort, même si ça ne vaut pas celui des deux films suivants. Cependant, énorme défaut du "premier" film : la longueur. Il ne durait que 1H45, mais à chaque fois que je le vois j'ai l'impression qu'il dure 2H30. Réussi, mais lent.
En 2014 sortait sa suite, second opus de cette nouvelle trilogie, dont je ne vais pas reparler puisque je m'éloigne du sujet de cette critique (le troisième film), et que j'ai déjà écrit une critique plus que claire et explicite, que vous pouvez retrouver en cliquant ICI. Mais en très gros, j'avais surkiffé ma race, et encore aujourd'hui j'hésite à mettre le 10/10.
Cette année sort donc le troisième et dernier opus de la trilogie César, "Suprématie", et vous vous doutez bien qu'au vu de mon avis sur les deux précédents films, et même sur toute la saga (qui fait partie de mon top 3 sagas cinéma), j'avais placé sur ce film des attentes de malade et une hype presque aussi immense que sur le prochain Star Wars (j'ai dit presque !).
Verdict ? C'est un OUI ! Je dirais même un OUIIIII !!!!! Et si vous avez l'impression de lire un homme qui jouit c'est normal, car c'est ce qui est arrivé à mon esprit cinéphile putain !
Qu'on se le dise : Bon Dieu de merde, qu'est-ce que ça fait du bien de voir ça en été ! Qu'est-ce que c'est bon de voir qu'au sein des blockbusters d'été, entre des "trucs" comme un nouveau Transformers, un reboot hautement merdique de La Momie, et tout ce genre de catastrophes ambulantes on peut encore trouver des mecs comme Matt Reeves capables de nous pondre des choses intelligentes ! Je t'aime, Matt..
Si vous aimez les films précédents vous ne pourrez qu'apprécier celui-ci, qui est clairement dans leur continuité.. Vous l'aimerez d'autant plus si, comme moi, vous avez préféré "L'affrontement", qui était déjà de Matt Reeves, et ça se sent car ce troisième opus en est bien plus proche.
Il y a énormément de qualités qui sont les mêmes que pour le film précédent, et c'est pourquoi je passerai vite dessus, pour que cette critique ne soit pas identique à la précédente. Il y a toujours ce travail de l'ambiance du réalisateur qui ne cesse de m'épater, il parvient à gérer l'atmosphère autour de ses singes de façon assez incroyable, puisqu'il arrive à faire en sorte qu'on s'attache à ces singes, qu'on comprenne qu'ils sont bel et bien les héros du film, et à les rendre parfois suffisamment menaçants tout de même pour bien nous faire comprendre qu'ils sont puissants et supérieurs dans le rapport de force avec les humains. Cette réalisation est juste dingue, même en ce qui concerne le côté grandiose, parfaitement maîtrisé.. Mais attention, comme l'ont déjà dit pas mal de critiques, ne vous attendez pas un vulgaire film d'action. Les scènes d'action restent minoritaires dans ce film qui reste posé. Et c'est ça aussi, sa force, à l'instar du film précédent : il parvient à contenir dans son scénario un assez grand nombre de rebondissements, parfois très inattendus, tout en gardant un rythme assez calme. Le scénario prime sur l'action. Et c'est ça qu'il nous manque, et qui aurait presque tendance à nous faire dire que ce film n'est pas un blockbuster, tant on est habitué aux films bêtes et bourrins quand on utilise ce terme.
Le scénario est toujours aussi intelligent et subtil. Chaque personnage a son importance, y compris la petite fille qui, au premier abord, pourrait nous laisser croire qu'elle est là juste pour assurer le côté émotionnel de tout bon film qui se respecte.. Mais au final non, pas tellement ! Elle servira aussi, pendant un bon moment, à inconsciemment aider César à garder son esprit de paix malgré une haine naissante envers l'Homme.
Ce scénario dénonce toujours de façon aussi intelligente. Si le premier opus de la trilogie dénonçait un peu l'exploitation animale (scientifiquement/médicalement), c'est ici l'esclavage qui est évoqué de façon évidente. C'est le côté sans pitié de l'Homme qui est dénoncé au travers de l'esclavage, mais aussi une "petite pique" lancée aux zoos à un moment de façon très brève mais subtile. Cette saga est clairement là pour dénoncer l'exploitation animale de façon très large.
Si il s'agissait bel et bien, au départ, d'un reboot, on sent la volonté tout de même d'être assez fidèle au produit de base et d'en proposer un prequel, en tentant de rester le plus cohérent possible et au final de boucler la boucle au mieux. Du moins, comme je le disais en intro, rester cohérent avec le tout premier film de 1968, puisqu'en racontant une nouvelle fois l'histoire de César il est impossible d'être cohérent avec les films suivants. Mais on sent toute l'inspiration de la première version de l'histoire de César qui nous était présentée, notamment dans le quatrième film de l'ancienne saga : La conquête de la planète des singes. J'ai senti de très fortes similitudes, et il semble évident que Matt Reeves voulait offrir une version différente de cette histoire sans la dénaturer, et c'est fait avec brio. Il a aussi confié qu'il avait eu la chance d'avoir le film qu'il voulait, puisque ce dernier opus n'a pas eu 10 scénaristes à l'écriture comme pour de nombreux "gros films", juste lui et un ami (Mark Bomback). Et ça se sent ! Reeves a eu la bonne idée, comme il l'a lui-même fait remarquer, de ne pas inclure une seule scène où l'on ne voit pas un singe. Dans CHAQUE scène, à un moment, il y aura forcément au moins un singe. Ce qui nous permet de toujours tout voir de leur point de vue, y compris les Hommes. Et c'est assez intelligent.
A noter également l'excellente évolution des singes, notamment celle de César. Dans sa façon de parler, il sait désormais faire de vrais phrases complètes, parler normalement, comme le font les singes dans le tout premier film, une belle façon de rester cohérent également. Puis même dans ses traits il semble devenir plus humain, ce n'est peut-être qu'une impression personnelle mais j'ai parfois bien reconnu les traits d'Andy Serkis sur le visage de César.
La motion capture a atteint son paroxysme avec une crédibilité on ne peut plus déconcertante, les singes sont désormais plus vrais que nature, on ne pourra plus faire mieux. La complicité entre Maurice et la petite fille est touchante.. Puis la petite Amiah Miller est tellement mignonne !
Le premier film comptait James Franco, qui est un acteur que j'aime beaucoup. Pour le second, on a eu quelqu'un que j'aime encore plus, Jason Clarke. Ce troisième et dernier opus a fait appel à un acteur que j'aime encore plus que les deux précédents : Woody Harrelson. Et que dire de sa prestation si ce n'est qu'elle est somptueuse.. L'un des rares mecs qui parvienne encore à me bluffer par sa polyvalence, l'un des rares qui sache réellement tout jouer. Il a prouvé par le passé qu'il avait un don pour faire rire/sourire, il montre ici qu'il est également parfait pour jouer les rôles de connard de première. Le parfait enculé tyrannique. Il n'est pas omniprésent à l'écran, mais c'est peut-être l'un des meilleurs rôles de sa carrière. Car en plus d'avoir un acteur solide, le personnage est lui aussi très bon. Reeves parvient à nous offrir un grand méchant qui, mine de rien, a une personnalité assez complexe, qui est le parfait colonel tyrannique très méchant mais qui a des raisons/motivations tout de même, au fond, un peu compréhensibles.. Qui ne l'excusent pas pour autant, ça reste un con, mais on peut au moins le comprendre, ce qui n'est pas toujours le cas avec les personnages très méchants au cinéma.
Et ce qui est bien avec le scénario de cette nouvelle trilogie, mais aussi celui de ce film en particulier, c'est que l'Homme court à sa perte de sa propre faute.. C'est à cause de l'exploitation animale par les Hommes et leurs tests scientifiques de merde qu'ils ont créé ces singes, qui finiront par les dominer, mais c'est aussi à cause de leurs guerres qu'ils s'entretuent.. Et à cause de ce colonel, personnage humain, qu'ils finiront par se faire la guerre en fin de film et encore causer de nombreuses pertes. Les singes finissent par dominer la Terre, totalement à cause de l'Homme lui-même.
Ce film est le dernier de la "trilogie César", mais je pense qu'il y a matière à poursuivre la franchise, il y a largement de quoi faire un film de transition entre cette trilogie et le tout premier film.. Et si c'est encore Matt Reeves qui s'en charge, je serais totalement preneur !
Pour conclure, je dirais que ce film, ou plutôt cette saga, me fait beaucoup penser à Terminator également (peut-être pour ça que je l'aime autant), dans le sens où ces deux sagas critiquent la connerie de l'Homme qui se retrouve à se battre contre quelque chose qu'il a lui-même créé. Une sorte de dénonciation commune de la volonté d'évolution démesurée de l'être humain que j'aime beaucoup.