Agenda pour une reviviscence
"J'aurais préféré ne pas écrire ce livre".
Depuis qu'il écrit, Küng, grand théologien, grand connaisseur de la spiritualité romaine et de l'histoire politique de l'Eglise, se pose en voix critique depuis l'intérieur de l'institution. Le moins qu'on puisse dire dans ce livre récent - les préfaces en sont datées de février 2011 - écrit à l'occasion des scandales que l'institution vaticane n'a cette fois-ci pas pu complètement étouffer, est qu'il ne mâche pas ses mots, s'il est prudent avec ses idées. En butte au conservatisme romain, il se propose d'en tracer l'histoire de la prise progressive de pouvoir politique, centralisé et conservateur dans ce qu'il dénonce comme l'avènement d'une papauté monarchiste et absolutiste.
L'objet est pour lui moins de porter jugement que de tenter de soigner et, pour soigner, d'informer - étant entendu qu'on sait comment fonctionnent les systèmes de censures internes au Vatican, et qu'il n'espère pas que ce livre pourrait, plus que les précédent, faire bouger quoi que ce soit dans la sclérose que la Curie romaine impose à la vie catholique de Rome.
J'apprécie de plus en plus ces voix minoritaires dans l'Eglise - au sens où elles ne bénéficient pas des plates-formes officielles - quand elles promeuvent un christianisme authentiquement évangélique, plus qu'un évangélisme politique de conquête et conservation du pouvoir. Nous le découvrons, hasard des calendriers de traduction, à l'heure des réactions ecclésiales sur le mariage pour tous. Je gage que les pages pleines d'amour critique de Küng sauront aussi trouver des résonances sur ces sujets.
Je reviendrai vous dire.