« Le premier babysitting est toujours un pas vers une situation inconnue et stressante. Néanmoins, cela prouve une certaine maturité, indépendance et très certainement une marque de confiance de la part des parents. C’est en général, le premier argent de poche que l’on gagne par le dur labeur de surveiller des enfants plus ou moins difficiles. Alors quand le personnage principal, Sophie, découvre une annonce pour un babysitting, elle n’hésite pas et fonce ; après tout, elle sera la première de sa classe à décrocher un premier job. »
Un babysitting, c’est rien que le temps d’une soirée, un travail où il faudra se mettre dans la peau d’un parent pour la toute première fois. Se prêter au jeu peut-être amusant, et l’on en garde en général une bonne expérience. Mais pour Sophie, cela se révèle un parcours semé d’embuches : entre divorce, maladie, handicap et deuil. Cette jeune adolescente apprendra à murir en quelques mois à peine avec l’aide de Mouche, la grand-mère qui engage Sophie pour s’occuper de ses quatre petits enfants. Au départ, Sophie commencera à travailler en calculant l’argent qu’elle gagnera au terme de ce babysitting (avouez-le, on est tous passé par là !). Mais un lien tellement fort et pur se créera entre ces deux générations qu’il vous sera impossible de retenir ces larmes de crocodile.
Ce roman mêle sentimental et psychologique, et il vous déroutera sans nul doute de par la véracité des thèmes abordés par Eva Kavian. Premier chagrin vous mènera, avec un gramme d’humour bien assaisonné, sur le chemin douloureux que tout humain doit confronter : la mort. Nombreux sont les problèmes traités ici, mais l’histoire tourne autour de ce sujet principal. En effet, Mouche doit faire face au cancer qui chaque jour lui prend plus d’énergie. C’est inévitable, cette maladie aura raison d’elle. C’est avec brio qu’Eva Kavian abordera ce mauvais mal. Pas à pas, nous suivrons avec la narratrice interne, Sophie, les changements qui occurrent chez cette grand-mère attachante. Elle vous enseignera une leçon : celle de profiter de la vie à son maximum pour ne rien regretter, carpe diem. Mais elle nous apprendra aussi à savoir lâcher prise pour faire face à la mort dignement, « il faut savoir-vivre et savoir mourir » disait Bonaparte.
Face à cela, l’autrice mettra à nus les tabous de la mort. Après tout, comment les adultes sont-ils supposés annoncer à leurs enfants que papy est mort ? Et comment leur annoncer que cette visite à l’hôpital est peut-être la dernière fois qu’ils verront mamy ? L’autrice nous montre par le biais des personnages que « les adultes ont finalement bien plus de mal avec la mort que les enfants ».
Tout au long de l’histoire, un certain nombre de personnages feront leur apparition. Ils apporteront tous leur pierre à l’édifice. Et chacune de ses pierres se révèle être une situation à laquelle nous serions confrontés en tant qu’adolescent, adulte, grands-parents ; homme ou femme. En tant que lecteur, vous vous reconnaitrez sûrement dans certains de ces personnages. Que cela soit la maman de Sophie, tout juste sortie d’un divorce douloureux et qui se retrouve à élever une adolescente, seule ; ou bien Mouche, la grand-mère qui a une relation difficile avec ses belles-filles ; sans oublier Sophie qui, à quatorze ans, est en plein passage à l’adolescence, avec tous les problèmes qui s’ensuivent tels que : la popularité, les amours et amitiés si fragiles, et enfin les devoirs et leçons à retenir.
Eva Kavian aura appris à tous les personnages de ce (trop) court roman de 189 pages à pardonner, une ultime fois. Après tout, La Rochefoucauld a si bien dit ne « ne pardonne-t-on pas tant que l’on aime » ?
Bien que ce roman soit destiné aux grands enfants, il peut être lu par toutes les générations confondues. Avec ces personnages passionnants, préparez-vous à connaitre tout un stade d’émotions : rire, déception, mais surtout tristesse. Sortez vos mouchoirs !
« Je ne me suis pas enfermée dans des désirs et des règles qui ne me correspondaient pas […] j’ai cherché qui j’étais, moi. » Mouche.
Auteur: Eva Kavian
Titre: Premier chagrin
Lieu d'édition: Namur
Editeur: Mijade
Année d'édition: 2011
Pages: 189 p.