Préparer l'enfer par matteo
2022, jour du second tour des élections présidentielles. La France a subi deux quinquennats du "Petit" (sic), un président qui instaura diverses loi liberticides. Le pays a ensuite subi un quinquennat par une gauche dont on ne saura rien si ce n'est qu'il était sans saveur. Mornau est un tueur. Ce jour là, il abat un sans-abri, volontairement devant les caméras de vidéo-protection de CyberOpsys qui épient chaque mètre carré de notre territoire. Il attendra sagement que la police vienne le cueillir. Lors de son interrogatoire, il expliquera point par point à l'inspecteur prenant sa déposition comment son parti fit progressivement basculer la France dans un enfer pour les libertés afin de préparer une victoire imparable, à savourer ce jour même.
Et bien... Voici un roman d'une noirceur épaisse ! Sans aucun espoir, tout suit un court inéluctable vers la mort, la privation de libertés ou bien l'avènement d'un État totalitaire. Ô joie... Mais pire, le point de départ du roman est isomorphe à notre situation actuelle... Ne cherchez pas longtemps qui peut bien être ce "Petit" qui fit deux quiquennats à partir de 2007...
L'auteur nous livre donc sa vision de ce qui pourrait arriver faute d'une reprise en main de ses concitoyens. L'œuvre décrit très bien, comment, par touches successives on rogne les libertés individuelles, pour les supprimer pour de bon, sans que cela ne provoque trop de remous. Cette stratégie de manipulation de masse est même théorisée par des protagonistes, sous le nom de « démocratie ajustée » et semble tellement réelle, que le roman fait frissonner.
Une œuvre très politique donc, critique virulente des changements qui s'opèrent dans notre société, des LSI et autre LOPPSI, lois justifiées par un jeu incessant sur la peur d'une menace diffuse... Préparer l'Enfer apporte une réponse à la question: Où cela nous mènera-t-il ? La réponse est dans le titre, la démonstration dans l'ouvrage.
Pour la première fois M. Di Rollo avec cette œuvre, sort donc des terrains de l'imaginaire « durs » sur lesquels on l'attendait d'habitude. Il quitte la science-fiction (et la fantasy) pour nous livrer une simple dystopie, très proche temporellement, et très ancrée dans notre présent. On retrouvera son écriture simple et efficace, qui n'aurait pu mieux servir le sujet de ce roman: aucune fioriture stylistique ne vient troubler l'avancée inéluctable des événements vers cette fin redoutée... Que le lecteur se verra asséner en pleine tête.
Félicitations à l'auteur donc, deuxième surprise de l'année 2011: après un roman de fantasy qui sortait de sa production habituelle, un roman tel celui-ci... Parfaitement d'actualité.