L'effet prix Nobel ! C'est vrai, comment choisir ses lectures. Prix Nobel, prix Goncourt et membres de l'Académie française sont de bons indicateurs, de bons aiguilleurs. Mon intérêt pour Mo Yan s'est dessiné par cette voie et je ne regrette nullement de l'avoir suivie.
La sempiternelle métamorphose, mais le singe comme transformation avait-il déjà était usité en littérature ? Peu importe l'animal choisi, la métaphore est toujours la même, je change parce que l'on m'en a trop fait. Ma volleyeuse à la retraite de femme m'a contraint à l'électrochoc transmutatoire. Avec ces changements de caractéristiques physiques c'est surtout à l'apaisement du cerveau que l'on aspire. L'animal dépose ses angoisses à l'entrée de son domaine d'action, ne subit que le présent et prend pour folie son immuable nature.
Notre héros professeur d'université se trouve débarrassé du poids du ciel qui appuyait sur lui, libéré de ce couvercle infernal qui oppresse l'homme maltraité. Professeur singe est un merveilleux codicille à La métamorphose de Kafka qui l'a précédée, à la sauce chinoise.
Moins évident à trouver à dire sur Le bébé aux cheveux d'or ! Sa fin tragique que l'on n'osait subodorer. La vieille mère aveugle reconnaissante envers sa bru. L'enfermement des casernes militaires chinoises. L'histoire d'amour adultérine qui accouchera du bébé aux cheveux d'or marquant le forfait. Quel élément évoquer ?
A mon humble avis, le plus intéressant mais aussi le plus abscons à une saine compréhension, est cette histoire de statue plantée au milieu de l'étang. La figure féminine dénudée qu'elle représente et l'interdiction qui en est faite aux troupes de la contempler marquent certainement l'intransigeance puritaine de celui qui ne pourra à la fin du roman supporter que sa femme ait pu avoir un enfant avec un autre malgré son interminable absence.
Pour conclure, deux bons courts romans qui nous plongent dans une Chine déjà lointaine, celle des années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, avec un Mo Yan fantasque et irrévérencieux à la partition.
Je veux bien admettre que le parti communiste chinois règne d'un joug totalitaire sur son peuple et les écrivains qui en sont une composante, mais la liberté dont jouit MoYan et ses critiques en creux de l'être chinois imparfait me laissent à penser que si l'on évite le frontal, il y a de la place pour une certaine liberté de création.
Samuel d'Halescourt