Que sont les Indiens devenus ?
Fiche technique
Auteur :
Ward ChurchillGenre : EssaiDate de publication (pays d'origine) : 1994Traducteur :
Aline WeillParution France : 5 septembre 1996Éditeur :
Éditions du RocherISBN : 978-2268023717Résumé : Plus que la guerre, la maladie, c'est l'imposture qui depuis 1492 s'acharne à détruire les identités des nations indiennes d'Amérique. L'auteur ''Indien'' cherokee/creek, démontre comment les Euro-américains et leurs gouvernements ont spolié ces peuples, dénonçant de fait les subtils agencements linguistiques qui tendent à inférioriser aujourd'hui encore les Indiens. Ainsi de l'utilisation et de la perception voulue de leur image dans l'inconscient collectif occidental par la littérature, le cinéma, la publicité, les médias anciens comme nouveaux, le sport et le droit. Le New Age ainsi que les Hommes-médecines et chamanes de pacotille - Indiens ou non Indiens - ne trouvent pas grâce à ses yeux du fait avéré de mystifications préméditées et/ou parfois issues de l’ignorance. A ce titre, on remarquera que les trois grands hommes-médecine lakotas, Black Elk, Fools Crow et Mathew King ne sont pas dans la ligne de mire du livre, et pour cause : ils n’ont jamais rien vendu, se sont toujours tenus à l’écart des forfanteries qui ne vendent que de l’illusoire. Reconnus unanimement par leur peuple, ils ne sont pas conspués comme certains lorsqu’ils reviennent dans la réserve après un grand tour dans les villes d’Amérique ou d’Europe où souvent, ils font prendre des vessies pour des lanternes à des auditoires ébahis et hélas, persuadés qu’ils sont les seuls à pouvoir représenter (en réalité, personne ne peut représenter quelqu’un sauf délégation spéciale, un individu est un individu et ne représente que lui même ; un Scott Momaday, s’il parle d’autres Indiens, de sa tribu ou d’autres, ne s’arroge jamais le droit de causer en leur nom et d’ailleurs, çà ne lui viendrait même pas à l’idée ! c’est un exemple), leur tribu, parler au nom de ses membres et bien souvent au nom de toute l’Amérique indienne. Pilules faciles à faire avaler pour ces auditoires, proies idéales qu’ils trouvent dans de nombreuses associations, écoles, universités, colloques, municipalités, médiathèques, d’autant plus aisé après avoir organiser pour les gogos des sweet lodge payants et parfois, mixtes, ce qui est une aberration lorsque l'on connaît le rôle premier de la sudation pour les hommes ; sinon, c'est à l’encontre de l'héritage spirituel une offense désinvolte. S’attaquant aux textes de loi, relevant point par point tout ce qui remet en cause les souverainnetés des nations indiennes, l’auteur démonte tous les mécanismes de manipulation par le langage, les comparant – à l’aide de données historiques mais aussi juridiques, sociologiques, psychologiques et linguistiques – à la propagande nazie. Le texte bouscule tout, ne laisse tranquille personne. Churchill frappe là où ça fait mal et le sentimentalisme pro-indien excessif, issu la plupart du temps qu’une vaine quête d’identité, de transferts, d’un rousseauisme naïf ne s’en relève pas. Il résulte de ce texte brillant, de cet exercice périlleux, unique, une sévère remise en question pour qui, et quelle qu’en soit la raison, son origine, de près ou de loin s’intéresse à ces peuples. La pilule est amère mais ô combien salvatrice. Pour répondre enfin à certains spécialistes ou néophytes, bien pensante humanitaire sentinelles (qui s'ignorent ?) d'une nouvelle police de la pensée dégoulinant de bons sentiments des "faux-gentils", autodidactes, militants, hobbyistes-indianistes, faux chamanes ou aspirants hommes-médecine Indiens comme non-Indiens, il fallait cet ouvrage de colère raisonnée qui met à jour toutes les turpitudes qui depuis 500 ans prolifèrent sur le dos des Indiens. La mise à nu de toutes les impostures montre que, mieux que la guerre, elles risquent de venir à bout de la miraculeuse résistance indienne.