Quelques Historiettes ou petit éloge de l'anecdote en littérature par Nina in the rain

À la suite du Testament d'Olympe ce fut un réel régal de me plonger dans cette anthologie. Je les goûte habituellement fort peu, souvent ennuyée du choix des textes et de leur brièveté. J'aime les bons vieux romans, longs, fournis. Mais ici, l'auteur réussit très exactement son défi : donner envie de lire Tallemant des Réaux et ressentir exactement le poids de l'anecdote sur l'histoire littéraire. Parce qu'enfin, ces anecdotes sont absolument délicieuses ! La langue du XVIème, qui au début m'a fait très peur, se retrouve finalement tout à fait lisible et les personnages, connus par d'autres lectures (c'est une période qui me fascine) prennent tout à coup un accent de vérité et, presque, de familiarité. Sur la fin de l'essai l'auteur présente les ressemblances entre de grands textes et les Historiettes, mais aussi des exemples impressionnants d'anecdotes relatées par plusieurs auteurs, à des époques différentes, dans des textes qui n'ont pas pu être connus par les écrivains plus récents. Et l'on s'aperçoit ainsi que, si les proverbes sont ancrés dans une culture et une langue, les anecdotes sont universelles, se répètent, se colportent. De certains bons mots il nous présente toutes les personnalités à qui ils ont été attribués pour bien montrer leur puissance, et l'effet parfois inverse qu'ils peuvent avoir selon le locuteur et le narrateur.

Je craignais un texte un peu aride, je me retrouve dans une narration extrêmement agréable et une écriture talentueuse. Amateurs de littérature, jetez-vous sur ce petit opus paru récemment chez Denoël qui combine une recherche sérieuse, une érudition impressionnante et, ma foi, un rire franc quasiment à toutes les pages. Personnellement, ce fut une lecture de plage, n'en déplaise à Ys (Oh, Ys, c'est un peu facile, je le reconnais. Pardonne-moi, mais je suis effroyablement taquine). Et je trouve peu de plaisir aussi grand que ces lectures intelligentes à un moment où on est censé ne plus lire que des bluettes.

Cela dit, je ne comprends pas bien pourquoi, l'été, il ne faudrait lire que des romans niais, ou des romans qui ne prennent pas la tête. Enfin, j'en reparlerai un peu plus tard mais à mon sens, la plage ou le bord de la piscine (ou de la cheminée, ou dans un pré, ou dans un parc, hein, c'est pareil), c'est quand même l'endroit où on peut le mieux lire, le plus longtemps et en étant le moins dérangé (ouais, je sais, ça se voit, je n'ai pas d'enfants).
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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