“Don't think of introversion as something that needs to be cured.” (please)
Récemment, j'ai décliné une invitation à une soirée parce qu'il y avait trop de monde, et notamment du monde que je ne connaissais pas. Je préfère m'exprimer à l'écrit plutôt qu'à l'oral. J'écoute plus que je ne parle. Je préfère les conversations profondes à deux plutôt que celles de surface, en groupe. J'ai des difficultés à parler fort. J'apprécie la solitude. Et elle m'est juste absolument vitale après trop de "stimuli social" Voilà, j'ai fait mon coming out, je suis une introvertie.
Ce livre, c'est exactement tout ce que les introverts ont envie d'entendre. Il aide à déculpabiliser ceux qui, comme moi, ont pu se sentir coupable pour avoir préféré leurs bouquins à une sortie très animée, à rassurer ceux qui ont pu penser "mais qu'est-ce qui cloche chez moi?", ceux qui se sont pris des "tu parles pas beaucoup, mais allez, exprime toi, vis un peu!", et qui ont balbutié en réponse, au moins en pensée "j'ai trop de choses dans la tête, mais pas assez de mots pour les exprimer, enfin, y'a plein de collisions, c'est assez compliqué à expliquer*". Bref, ce bouquin donne envie de revendiquer son introversion, pour toutes les qualités qui vont avec. (Surtout si c'est pour se placer dans la lignée de Gandhi, Van Gogh ou Einstein).
Après, je suis pas sûre que tout ce qui y est expliqué soit tout à fait véridique (par ex: la crise de Wall Street n'aurait sans doute pas eu lieu si plus d'esprits introvertis avaient été aux commandes, il faut peut être pas abuser non plus). Plusieurs conclusions semblent hâtives et beaucoup de caractéristiques très différentes sont regroupées dans le sac "introversion", déréglant l'exactitude scientifique de cet essai. Et il y a un ton très américain, assez déplaisant à la longue: "regardez tous ces parcours d'introverts qui ont réussi et qui sont devenus célèbres, aucun d'entre eux n'aurait excellé s'ils n'avaient pas fait preuve d'introversion, blablabla", "chaque individu introvert décèle une force précieuse, vous êtes génial, aimez vous comme vous êtes blablabla". Bah non, il y a des nazes aussi, comme partout.
Mais si cette caractéristique de la personnalité a autant besoin d'être hissée et revalorisée, c'est parce que notre société a tendance à prôner l'extraversion, et à ne pas écouter ceux qui parlent moins, ce qui peut être vécu difficilement pour les introverts. (Par exemple, j'ai toujours détesté les travaux de groupe imposés par la fac.) Et ce livre l'explique bien. En fait, j'ai envie de le balancer à la figure de plusieurs personnes qui m'ont fait des remarques pleines d'incompréhension sur mon introversion, et de leur dire, "lis un peu, c'est pas parce que je ne parle pas que je ne vis pas, sale pouffe!" (Enfin sans l'insulte, mais ça c'est parce que j'ai une rancœur particulière pour cette personne, bien au delà de l'ambivalence introvert/extrovert).
* https://fbcdn-sphotos-e-a.akamaihd.net/hphotos-ak-ash3/p480x480/644487_480583275348052_1541101815_n.png
Et pour ceux que ça intéresse : http://dotsub.com/view/deed4e6a-0526-4e71-ba00-cbbd75d0de7a
Je ne pense pas que Quiet soit traduit et diffusé en France, j'espère qu'il le sera.