Je commence à croire que Ready Player One était un coup de chance. J'avais beaucoup aimé ce premier roman, tandis que Armada était fade et sans saveur. Mais là, avec Player Two, on frôle le drame littéraire.
Player Two est une plaie : je passe sur la narration pauvre et répétitive pour aborder les principaux problèmes. Déjà, l'incohérence scénaristique terrible. Pendant quasiment 100 pages, on nous répète sans nuance que le nouveau défi d'Hallyday est quasi-impossible à relever. On nous explique que depuis la fin du premier concours, des milliards de joueurs tentent de résoudre les nouvelles énigmes. Mais que malgré les années qui passent, rien, niet, nada ! Ca n'avance pas d'un pixel ! Et hop, à la page 101, il suffit qu'un méchant arrive subitement pour qu'en 12h chrono (temps de narration), hop, tout soit plié, les six énigmes sont résolues ! Cet aspect donne un côté vraiment amateur à cette fiction... Il l'a écrite d'une traite sans rien préparer ?
Deuxième souci : autant ça passait dans le premier volume, autant l'étalage de confiture se voit dans Player Two. Trop de références, trop de name dropping, trop de "regardez comme je connais bien la pop-culture". Bon sang, ça se voit tellement ! Ca manque clairement de subtilité. J'ai eu l'impression d'avoir de grands panneaux fléchés et clignotant qui disaient "Regardez, une référence ici à la musique des années 80 ici !" à quasiment toutes les pages. C'est vraiment lourd au bout de 100 pages.
Enfin, j'ai pesté contre les passages politisés et idéologiques. Ernest Cline défend les causes des minorités par conviction ou par opportunisme, nul ne le saura. En soit, c'est son droit. Donc pourquoi pas. Mais dans un livre de science-fiction, sensé ce passer dans 20 ou 30 ans, j'ai trouvé l'approche totalement maladroite. Dans Player One, il ne se posait pas toutes ces questions. Or, dans la suite (qui se déroule 3 ans plus tard), il est le porte drapeau de toutes les causes ! Et parfois, on a carrément l'impression qu'il veut déconstruire son propre roman, en déconstruisant au passage les années 80 et les années 2030 (son propre roman) avec des problématiques de 2020. Quand on sait que la façon dont la plupart de ces combats (légitimes) sera elle-même déconstruite par la future génération de déconstructeurs, ça signifie que ce roman sera immédiatement rangé au rayon des romans has-been. Et pour un roman de science-fiction, c'est donc très mauvais signe. Bref, une calamité.