La rentrée littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Dimitri voit des morts. Les fantômes des gens qu'il a connus, aimés et perdus.
Les fantômes, ce sont ses souvenirs, réels ou pas, on ne le saura pas. A mi-chemin entre le récit et l'autofiction, Repas de morts nous invite à nous plonger dans l'esprit de Brotnikov, un esprit qui pense à toute allure, par saccades, entre réalité et rêve. Il mène le bal des revenants. On apprend qu'il était profondément attaché à Babania, sa grand-mère, avec laquelle il a vécu enfant. C'est sa première morte, son souvenir le plus fort. Quand il parle de Babania et de son chagrin d'enfant, on a les larmes aux yeux.
Bortnikov nous emmène avec lui de la steppe russe à Paris, où il vit. Il fait parler les esprits pour apprivoiser la mort, l'accueillir avec plénitude et détachement, mais la mort est ce qu'elle est, elle reste sombre et mystérieuse, incompréhensible mais attirante.
C'est ce qui envoûte dans ce Repas de morts, qui est un objet littéraire sans aucune règle, sans limites, sans structure, qui laissent éclater la force narrative et poétique du texte. Un livre magnifique, presque hypnotique, mais pas facile d'accès. Il ne correspond à rien de connu, pourrait s'apparenter à une écriture surréaliste, une expérience plus qu'une lecture. Un moment intense, brutal, unique, et il sera difficile de s'en remettre.