Avec Résurrections, le cycle des Kerns de l'oubli se termine. Cette critique porte autant sur ce tome que sur une vue globale du cycle.
Contrairement au tome 2 qui, à mon grand regret, se constituait autour d'un duel (avorté) entre deux personnages, ici, nous revenons à un livre choral comme l'était le premier opus. Nous retrouvons toutes les prouesses linguistiques de l'auteur qui parvient à insuffler une réelle personnalité aux caractères grâce à un phrasé pour chacun d'eux. le revers de la médaille, c'est la lecture de certains passages qui devient ardue à cause d'un style chaotique et non habituel.
Comme pour la lecture du tome 2, j'ai eu quelques difficultés à pénétrer dans l'histoire. Pour ce qui est de la lecture du 2eme tome, j'avais imputé cela au délai de lecture entre les tomes 1 et 2. Pour celui-ci, ce n'était pas le cas. L'auteur a fait un choix risqué mais audacieux de changer totalement la façon de raconter l'histoire. Celle-ci est présentée à travers les yeux de 4 personnages qui forment le Quadrille. du coup, j'ai été (et je ne pense pas être le seul) un peu déboussolé de voir apparaitre d'un coup, tout un tas de personnages sans qu'ils soient vraiment introduits (constitue grosse part de l'intrigue). Il faut donc s'accrocher et patienter un peu pour que tout se remette en ordre petit à petit. C'est tout de même intéressant de voir que l'auteur innove de tome en tome.
En ce qui concerne la trame générale du cycle, rassurez-vous tout (ou presque) aura une explication à la fin et je dois dire que la fin est assez bien ficelée. Cependant, j'émettrai ici mon premier regret. Tout est expliqué certes, mais tout est expliqué qu'à la toute fin. Je comprends ce choix, car nous suivons principalement Erkan qui doit réparer une faute qu'il n'a pas commise et dont il ne sait rien. Cette absence d'explication permet de placer le lecteur dans les mêmes dispositions que le héros mais tout de même j'aurais préféré avoir quelques « milestones » au milieu de ma lecture.
Même si les personnages sont, pour la plupart réussis, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à eux. Mon faible irait, aller savoir pourquoi, vers Dardill, l'homme-songe qui n'interagit qu'avec la pupille de son oeil. Comme mentionné ci-dessus, il s'agit d'un livre choral, seulement je trouve la chorale un peu grande. Je trouve que certains personnages sont en trop, je pense notamment à Amiel, Alimtel ou encore Krash qui n'apportent pas énormément à l'histoire selon moi. Pour finir sur les aspects négatifs du cycle, je ne suis pas fan des Deus ex machina et je trouve que le personnage d'Awana en a toutes les caractéristiques !
J'espère que ma critique n'apparait pas trop à charge car ce livre ainsi que ce cycle regorge de qualités. Il s'agit d'un très bon premier cycle pour avec beaucoup de trouvailles et d'ingéniosité (peut-être un peu trop comme c'est souvent le cas dans un premier livre). L'idée et l'identité du Quadrille est juste brillante !
L'intégralité d'une oeuvre ne peut satisfaire tous les lecteurs (surtout pour un premier cycle) mais je pense que quiconque aimant la littérature de l'imaginaire trouvera dans les Kerns, un moment agréable de lecture ainsi qu'un nouveau jeune auteur français à suivre.