« Rien n’arrête les oiseaux », avait déjà titré François SALMON, pour un recueil de nouvelles lu précédemment. J’avais aimé. Cette fois, le titre du deuxième tome que je découvre prétend qu’au fond, « Rien n’est rouge ! »
Comment le croire ? Comment le suivre dans cette vision d’un Monde qui n’afficherait aucun amour, aucune passion ? Qu’elle soit simplement sexuelle ou plus fondamentalement nimbée de chaleur humaine, toute relation est-elle vouée à l’envie de rompre les liens et de briser les amarres ? L’auteur peut-il tenir cette posture d’accusateur d’une société ne développant aucune sensibilité, aucune envie de se battre avec courage contre le sang inutilement versé, contre la violence des mauvais souvenirs, contre un mode de vie sociale qui ne serait forgée que sur des structures d’interdictions, de colères ou de triomphes illégitimes ? Bien évidemment, non !
Et donc, que faire de ce recueil de nouvelles, signé F. SALMON ? L'ouvrir, tourner les pages et s'installer dans le confort de son écriture.
On touche alors, du bout des doigts, les spectres qui plombent la vie et l’ancre qui a lesté un passé le rendant détestable et n'offrant pour seule envie que de s’en séparer. Et là, même si à cette profondeur, rien n’est rouge, tout devient passion et passionnant ! La vie se libère. Les unes après les autres, les nouvelles de l’auteur s’illuminent. On est conquis, presque déçu que l’avancée dans ce livre soit aussi rapide, que la fin soit là.
« Rien n’est rouge », un recueil de perles, un distributeur de bons moments à prendre sur le capital lecture qui nous est donné !
"Rien n’est rouge" est un petit bijou dans le domaine des recueils de nouvelles. Et François SALMON en est l’orfèvre. A titre d’exemple, sa maîtrise des figures de style et la richesse de l’abondance de son vocabulaire éclatent dans son récit ‘ les spectres de Westende'. Observez-y la progressive naissance de l’accès aux voyelles et la liberté d’expression qui en découle !
Une vraie envie de partager ce plaisir découvert pour la seconde fois.