C’est le dernier roman d’Emmanuelle Pirotte.Il a retenu mon attention car il se passe de nos jours et est moins emprunt d’histoire (l’auteure a une formation d’historienne) que ses dernières publications. Ce qui est intéressant dans ce roman est que les personnages se moquent du déterminisme social. Un riche héritier côtoie un homme du peuple,chômeur au début du livre. Une femme s’occupe de migrants bien plus que de sa propre fille. Et deux rencontres vont saisir Renaud et François pour leur faire quitter le caractère métronome de leurs existences.Emmanuelle Pirotte aime à imaginer un écrin où les contraires s’attirent et où leurs mals de vivre chroniques sont sublimés par des moments de lumière.Bien sûr, les itinéraires bancals de Renaud et François ont des résonances et que l’un et l’autre savent que leur amitié tempétueuse est pourtant essentielle à leurs équilibres.Quand ils rencontrent Teodora et Luana, ils vont remiser leurs réflexes pour grandir et s’assumer enfin. Si vous aimez les romans tortueux, pas si facile d’accès, Rompre les digues pourrait vous plaire. Il faut cependant comprendre les mouvements aigres doux de l’action, les blessures passées des personnages pour apprécier l’ensemble.De la mélancolie à la joie, la frontière est ténue. De la solitude à la rencontre, aussi. Rompre les digues, grand roman sur la rencontre et les affinités humaines, permet un voyage contrasté jusqu’à la dernière page nous prouvant une fois de plus que la route est plus importante que la destination.