Dans un Londres post-apocalyptique, où la quasi-totalité de l'humanité a été décimée à cause d'armes de destruction massive, règne un climat totalitaire de domination russe qui pousse les excaves, équipes de rescapés, à retourner les décombres pour mettre la main sur l'artefact : puissante et mystérieuse relique tant convoitée par les puissances terrestre et spatiale, qui déterminera l'avenir de l'humanité. Cette mission est entreprise par nos deux jeunes héros, Cass et son petit frère Wilbur, qui s'associeront aux fascinants êtres venus d'un autre monde - Peyto et Erin - descendus de leur vaisseau organique, l'Eole, pour retrouver le farfaleur manquant sur terre. C'est en tant que protecteurs de l'humanité et défenseurs de la paix que tous deux suivent les directives de l'Eole pour résoudre les mystères de la disparition du dormeur manquant et de son avatar. Tous ensembles vont mener un combat féroce et une aventure sombre, remplie de rebondissements inattendus, résolvant les énigmes au fur et à mesure pour empêcher que le vaisseau ne s'écrase sur Terre et ne détruise irrémédiablement l'Univers. Ils n'ont que six jours pour sauver leurs mondes respectifs !



C'est à Londres, en 1967, qu'est né Philip Webb. Cet auteur est diplômé en sciences informatiques et licencié spécialisé sur l'interaction entre l'homme et l'informatique. Enfant, il aimait inventer des aventures hors du temps avec ses amis. Six jours pour (sur)vivre est son premier roman de SF post-apocalyptique. Il est publié en 2011 à destination de la jeunesse à partir de l'âge de neuf ans.


En 2011, la dystopie est un genre privilégié en littérature jeunesse, surtout après l'énorme succès du roman gothique Harry Potter, permettant de redonner un peu de fraîcheur à cette littérature. En effet, la tendance du 21e siècle est de dépeindre des mondes en proie à la menace, et ce qu'elle soit liée à la surpopulation, la pollution, le totalitarisme ou encore la surconsommation, afin de montrer une matérialisation des cauchemars présents dans l'inconscient collectif. C'est pourquoi pullulent sur le marché de nombreux ouvrages présentant les éventuelles dérives futures de notre société ainsi que les terribles conséquences qu'elles engendrent. Ainsi, on retrouve en chef de file des titres comme Hunger Games, Uglies, Délirium, Birth Marked, Felicidad, ...


Différents thèmes sont abordés dans le roman notamment ceux du « post-apo » comme la survie (le titre annonce déjà la couleur) où les quatre protagonistes doivent défier les puissances pour permettre au monde de subsister. Ou encore la violence qui parsème le roman (les combats, les descriptions atroces mêlant les cadavres et le sang, la maltraitance volontaire des chats ...). On retrouve également des thèmes parsemant généralement les classiques de SF comme l'amitié/trahison, la place de la littérature dans la fiction (notamment grâce à la BD annonciatrice du Capitaine Jameson), le système de hiérarchie sociale, la fascination envers l'autre monde et le passé (surtout Peyto et Wilbur), le rôle de la femme (essentiellement positif car Cass est montrée comme une princesse guerrière qui sauvera l'humanité), ...


Pour ce qui est du genre, il s'agit d'un récit de science-fiction post-apocalyptique mettant en scène une société détruite à cause de guerres et de nombreux conflits entre les différentes puissances du monde, ravageant la Terre en proie à un chaos naissant. En effet, les excaves devant fouiller les décombres de l'ancienne ville de Londres, détruisent les dernières battisses pour espérer trouver le précieux talisman. Cependant, si l'artefact n'est pas rendu à l'Eole, le vaisseau entrera en collision avec la Terre et la détruira complètement. C'est en quelque sorte la fin d'un nouveau monde, rempli de destructions, qui permettra à la civilisation de prendre un nouveau départ. L'issue du récit est favorable dans la mesure où les excaves sont libérés de leur domination et les dormeurs ont enfin trouvé une nouvelle planète où ils pourront vivre en harmonie (espérance possible). Il est bien évidemment question de science-fiction dans la mesure où le récit est une fiction spéculative qui propose l'hypothèse du « que se passerait-il si notre monde était confronté à des attaques militaires, chimiques, bactériologiques, ... ? ». Il s'agit du monde actuel, transformé en ce qu'il n'est pas (encore). Il y a donc une distanciation entre le lecteur et son propre présent, mais qui est mise habilement en place à l'aide des données et théories scientifiques proposées par l'auteur ainsi que grâce au vocabulaire. Enfin, les thèmes de SF sont innombrables dans ce roman : hommes-machines, écrans, vaisseau, navette, extra-terrestres, scanner, ...

Le récit est une anti-utopie dans la mesure où le lecteur se trouve plongé dans un monde post-apocalyptique, où la plupart des civilisations ont été décimées et n'ayant pour seul espoir que l'artefact. Par ailleurs, le roman pose la question de la place de l'Homme dans une société défaillante, n'ayant pas su outrepasser les conflits guerriers ravageant quasi-totalement la Terre. Cependant, la dénonciation réside dans l'énonciation étant donné qu'à aucun moment, P. Webb ne se veut moralisateur. Au contraire, c'est au fil de la lecture que le lecteur doit être réflexif et opérer des stratégies mentales pour comprendre le message sous-jacent. C'est à travers une focalisation interne rédigée à la première personne du personnage de Cass que le lecteur va pouvoir se faire juge extérieur de la situation, tout en s'imprégnant de ce monde apocalyptique où les menaces et conséquences de son présent actuel sont transposés.


Le roman de P. Webb s'inspire de la guerre froide qui opposait les USA aux Russes. Le vaisseau organique, protecteur de la Terre et désirant la paix, fait directement écho aux Etats-Unis tandis que les Vlads rappellent l'URSS. Il s'agit de deux puissances (terrestre et spatiale) qui ont un même objectif : trouver l'artefact, objet miraculeux d'un pouvoir inimaginable, et ce peu importe le prix. Le conflit est donc indirect puisqu'ils ne se livrent jamais directement bataille. L'intention du roman est donc de prévenir le monde d'une éventuelle troisième guerre mondiale où les puissances se livreraient des conflits tellement détonants et dangereux qu'ils détruiraient la Terre. Peut-être peut-on même voir une actualisation des puissances en opposant les Etats-Unis et les pays arabes ? Dans cette optique, le récit délivrerait une alerte contre la menace terroriste actuelle.


Par ailleurs, ce roman possède des points communs avec d'autres textes. Premièrement, le genre « post-apo » fait écho au Troupeau Aveugle de J. Brunner. Cependant, ce dernier privilégie davantage l'apocalypse industrielle dépeignant une société en proie au désastre écologique alors que Six jours pour (sur)vivre s'attache à décrire une apocalypse à la fois biologique mais surtout nucléaire. En effet, Maliva a contracté une maladie, une souche microbienne mutante venant de la guerre des Quarks ainsi que les Okhotniks, les hommes-machines constitués de morceaux de soldats blessés qui obéissent aveuglément à la commandante Serov. Tous sont emprisonnés dans des armures bioniques rechargeables. En outre, l'humanité s'est autodétruite dans une marée de guerres impliquant des armes de destruction massive comme des armes chimiques (apocalypse nucléaire). Deuxièmement, le fait de présenter une société totalitaire où les excaves londoniens sont soumis aux règles imposées par les Vlads (Russes) rappelle sans conteste 1984 de G. Orwell où Big Brother a le monopole sur les citoyens. Dans les deux textes, l'idée est de forcer la population à suivre un ensemble de lois au risque d'être punis de mort. Par ailleurs, la présence des écrans (près des broyeuses mais aussi dans le vaisseau) et de la voix de l'Eole commandant des ordres aux dormeurs rappellent aussi 1984.


En conclusion, ce roman destiné à la jeunesse est intriguant, passionnant et rebondissant de péripéties. Le tout dans un style simple et adapté aux adolescents. Cependant, une question demeure : les jeunes, seront-ils suffisamment informés que pour comprendre le message sous-jacent caché dans le récit ?
Lellfee
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste * Les joyaux de la littérature jeunesse *

Créée

le 6 mars 2014

Critique lue 145 fois

Lellfee

Écrit par

Critique lue 145 fois

Du même critique

Trust
Lellfee
9

* Avant de nouer la Relation, c'est avec leurs Mots qu'on badine *

Voilà bien un film qui m'a fait méditer. Je veux dire, vraiment réfléchir ... Le sujet est vu et revu. C'est bien connu l'histoire de la jeune adolescente qui rencontre quelqu'un sur internet, s'y...

le 25 août 2011

33 j'aime

1

Stardust - Le Mystère de l'Étoile
Lellfee
10

* Le trésor jeté aux loups *

A mes yeux, ce film est un vrai petit trésor. L'histoire est originale, fantastique. Il est question d'un amour naissant entre une étoile et Tristan. Cette oeuvre a le don de me fasciner totalement,...

le 10 mars 2011

27 j'aime

1

Strange Circus
Lellfee
10

* L'extraordinaire aliénation *

Une des oeuvres les plus perturbantes qu'il m'ait été donné de visionner. Une danse macabre tout au long de l'histoire, du dérangeant par les incestes admirablement bien imaginés, des questionnements...

le 11 mars 2011

23 j'aime

3