Astrid Monet connaît bien Berlin puisqu'elle y a vécu une douzaine d'années. Son roman s'y déroule entièrement, mais dans un Berlin défiguré par un séisme et un nuages de cendres qui se dépose dans le moindre recoin de la ville et sur ses habitants. Pas mal de thèmes sont abordés dans ce roman, deux sont prégnants : l'amour filial, l'attachement d'une mère pour son fils et vice-versa et le dérèglement climatique, ce dernier -avec ses conséquences- jouant le contexte pendant que le premier s'exprime à travers les personnages. Ceux-ci, qu'ils soient principaux comme Marika et Solal ou secondaires sont très réalistes et attachants. Ils ont leurs fêlures, leurs forces et leurs faiblesses, leurs doutes. Astrid Monet décrivant en avance ce qui nous attend sans doute : des températures caniculaires quasi insupportables, un manque d'eau, des conditions de vie difficiles et un avenir pas enthousiasmant, ses personnages ne sont pas très optimistes. Ils se questionnent beaucoup sur leurs actes, sur leurs relations, sur le mal qu'on se fait parfois sans intention. C'est l'apocalypse mais les humains veulent toujours y croire.
Le roman est oppressant tant par le monde qu'il décrit que par l'écriture d'Astrid Monet, intense : tout est dit en un minimum de mots et d'effets. C'est un concentré, pas besoin de lire un roman-catastrophe de cinq ou six cents pages lorsqu'une autrice -j'ai tendance à dire auteure, mais beaucoup d'éditrices et d'autrices disent autrice, comme Agullo, alors, je respecte- peut vous le faire en 200 pages sans superflu ni manque. Phrases plutôt courtes -mais pas toujours-, rythme enlevé, un peu de dialogue pour alléger, Astrid Monet a su construire et écrire un roman d'une densité et d'une force incroyables. Noir, évidemment, la cendre est omniprésente, mais des lueurs parviennent à la transpercer, on les sent, on les lit entre les lignes.