The World at War
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le 28 juil. 2014
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Je ne sais pas par quel mystère j’avais perdu ce livre parmi mes services de presse en attente. Je l’avais sollicité sur NetGalley.fr il y a un an, je ne me souvenais pas avoir reçu la réponse positive de l’éditeur, et pourtant j’ai trouvé ce livre parmi mon catalogue disponible il y a peu de temps, alors qu’il ne me semblait pas l’y avoir vu quand j’étais fait le point sur mes services de presse il y a plusieurs semaines.
Qu’importe ce mystère finalement, l’important était que je voulais lire ce livre et que j’en ai enfin eu l’occasion. Le résumé de l’éditeur m’avait donné envie de m’y plonger :
Juste avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale, dans un petit
village suisse, deux jeunes garçons vont se lier d’amitié. Gustav, à
l’enfance difficile, est orphelin de père. Celui-ci, un policier local
a permis, malgré les ordres des autorités, à des réfugiés juifs
d’entrer dans le pays. Selon Emilie, sa veuve, la crise cardiaque qui
l’a emporté après la guerre, n’est pas étrangère à ce comportement.
Elle reporte son amertume sur Gustav. Anton, lui, est un pianiste
prodige, choyé par des parents juifs très aisés, qui ont pour lui une
très grande ambition et veulent qu’il réussisse une carrière de
concertiste. Gustav est invité par Anton et ses parents à les
accompagner à Davos, ou ils vont nouer une amitié encore plus forte,
au cours de longues promenades dans les bois qui vont sceller leurs
solitudes. Si Anton expérimente de terribles tourments psychologiques
à l’idée de se produire en public dans des concours musicaux, Gustav
de son côté vit une existence de profond désarroi avec une mère qui a
perdu son emploi et dont les expériences amoureuses sont sans
lendemain. Les années ont passé, Gustav a ouvert un hôtel à
Matzlingen, son village natal. Un jour Anton, devenu professeur de
piano, viendra le rejoindre et ensemble ils partageront une existence
enfin apaisée.
Une première précision : le résumé est erroné, puisque la rencontre entre Gustav, le protagoniste, et son ami Anton n’a pas lieu avant le début de la Seconde Guerre Mondiale mais juste après. C’est un peu étrange de commettre une telle erreur dans un résumé, mais c’est ainsi … L’éditeur a peut-être été trompé par le fait qu’une partie du roman se déroule bien entre 1938 et 1942, mais nous y reviendrons.
Le roman débute donc au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, dans une petite ville suisse, relativement épargnée par les tourments de la guerre. Gustav vit avec sa mère, veuve d’un policier dont on apprend qu’il a été déchu de ses fonctions après avoir aidé des juifs à fuir l’Autriche et l’Allemagne nazie avant la guerre. A l’école maternelle, il rencontre Anton, un petit garçon juif dont les parents viennent de s’installer dans la région. Anton est un pianiste de grand talent, mais qui angoisse à l’idée de se produire sur scène. Gustav, quant à lui, a une relation difficile avec sa mère, qui ne lui témoigne que reproches et amertume.
Toute la première partie du roman nous relate l’amitié entre Gustav et Anton pendant leur enfance. La deuxième partie reprend le récit à la veille de la guerre, pour nous raconter la rencontre entre les parents de Gustav, leur mariage malheureux, les circonstances dans lesquelles le père de Gustav a été contraint de quitter la police, et finalement la mort de celui-ci. La troisième partie se déroule quant à elle bien des années plus tard, dans les années 1990, alors que Gustav est propriétaire d’un hôtel dans la petite ville où il a toujours vécu et qu’Anton a renoncé à une carrière de pianiste renommé pour enseigner la musique dans le collège où il avait lui-même été élève avec Gustav quarante ans plus tôt.
Le roman est principalement centré sur la relation entre Gustav et Anton, entre amitié et homosexualité refoulée. Autour d’eux gravitent leurs familles respectives, avec le contraste saisissant entre les parents aimants d’Anton et la mère veuve et amère de Gustav, dont il cherchera l’amour jusqu’à la fin de sa vie.
Quelque part au fond de lui-même, il avait toujours cru que sa mère ne
pouvait pas mourir avant d’avoir appris à l’aimer. En vieillissant, il
avait essayé de l’y entrainer avant qu’il ne soit trop tard, mais il
n’avait pas réussi.
Je dois dire que la deuxième partie consacrée à Emilie et Erich, les parents de Gustav, m’a bien intéressé. Je me demande si le choix de l’auteur de raconter leur histoire de cette façon n’est pas une erreur, s’il n’aurait pas suffi de l’évoquer dans le coeur du récit. Bien sûr, le roman appartient d’abord à son auteur, le choix qu’elle a fait est certainement le bon de son point de vue, mais cette façon de faire m’a semblé maladroite, comme si ce long interlude n’avait pas totalement sa place dans le roman.
Malgré cette parenthèse moins réussie à mon goût, j’ai beaucoup aimé ce roman. C’est une belle histoire d’amitié, d’amour, et de famille, avec un récit qui met en lumière les liens entre les générations et les conséquences du passé sur la vie de famille, les sentiments, et la vie des enfants. C’est aussi un roman sur l’esprit suisse, entre neutralité, maîtrise de soi, et interrogation à posteriori sur le rôle ambigu joué par cette nation neutre pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Créée
le 19 juin 2018
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