Sous l'arche du temps
Fiche technique
Auteur :
Hélène DorionGenre : EssaiDate de publication (pays d'origine) : Parution France : 16 septembre 2005Éditeur :
La DifférenceISBN : 9782729115784Résumé : Notre temps est sombre et froid. Y règne la démesure de la finance et de la technique, sans âme ni conscience, qui soumet la vie, non seulement humaine, à sa logique mortifère et cannibale. Le terrible cri de la Terre et des pauvres n’est cependant pas entendu, enterré sous la fanfare triomphale du progrès. La parole d’Hélène Dorion est à cet égard précieuse, car elle jette un pont entre la poésie et la détresse de notre temps, et répond à l’urgence d’un nouveau rapport au monde, harmonieux, solidaire, fraternel. Hélène Dorion apparaît ainsi clairement comme une artiste résolument engagée chez qui une révolte paisible et tenace pousse à brandir ses armes de prédilection : amour, beauté, humanité. Essentielle en ces temps de soubresauts d’indignation et de révolte, cherchant à rompre enfin avec le désengagement et la somnolence normalisés. Elle rappelle l’œuvre et le rôle des artistes. Ces résistants du regard. Qui donnent à entrevoir la profondeur du monde, la part invisible ravalée, qui chantent la beauté du monde défigurée. Voilà son engagement nécessaire de poète, et l’essai l’atteste à merveille qui révèle la résistance subversive propre à l’artiste, au poète. L’art est un grain de sable dans l’engrenage sourd d’une société technicisée à outrance. Il nous apprend à ne pas se courber devant les idoles et le diktat de la religion capitaliste – sans rêves ni répit – et son culte d’un réel quantitatif, dépourvu de sens, inapte au sens : chantier où s’affairent les bulldozers des savoir-faire et des boursicoteurs qui aplatissent le monde pour y ériger l’ennui. Au milieu se tient le poète, l’écrivain, l’artiste, en prophète proférant la voix qui traverse la sienne, provenant d’au-delà d’elle-même – un souffle dont il perçoit l’urgence, la beauté, la nécessité. Se tenant contre le simulacre, il nous fait éprouver le monde, commun à tous, et revendique la nécessité de l’inutile. Il ramène le péril au cœur de la vie et maintient en tension le fil de l’existence par où, funambules, nous avons à marcher au-dessus de l’abîme. Cette vérité, Hélène Dorion semble l’avoir éprouvée dans sa chair, comme une brûlure, une soif brûlante, un vertige. Y rester fidèle, elle ne sait que cela. Rester en éveil. Restituer le mystère, le pouvoir du rêve. Secouer les fondations du tel quel, l’indolence de l’âme, l’apathie du cœur. Faire ressentir la sensation d’exister, d’habiter cette terre fragilisée. Faire de nous des veilleurs du monde, des gardiens d’humanité, dans notre coin de planète qui nous est imparti. Poète joyeuse, enracinée dans son sol, dans sa langue, dans son corps : racines de l’universel. En fin de compte, Hélène Dorion s’adresse à notre fragilité. Celle que nous ne voulons pas voir, ressentir, vivre et qui pourtant nous ouvre à la vie. Celle qui est masquée sous l’épaisseur des images de puissance, de contrôle, de rentabilité. Elle le fait en nous restituant, par sa poésie, la fragilité de la vie quotidienne – ses sensations, ses odeurs, ses couleurs, ses sons. Et en nous offrant le bonheur de soupçonner, sous les mots, le battement du cœur de la Terre, à l’unisson du nôtre, qui transfigure l’existence en chant.