Zeina a grandi en France, dans une famille musulmane. Elle ne voulait pas porter le voile ... mais sous la pression des siens, son mari, sa famille, la communauté, elle a entamé sa "purification" pour être une bonne musulmane, racheter, par-là toutes ses fautes et gagner des points pour un jour, malgré tout, arriver à gagner son paradis!
Sous le niqab, il n'y a, au fil des années, plus rien! Plus de femme, de mère, même pas d'épouse (vocable au nom de quoi elle a tout accepté ... puisque son mari, lui, savait ce qui était juste et bon, ce qu'il fallait pour plaire à Allah!)
Zeina, finalement, a ôté le niqab, le jilab, le voile... Un voie de non-retour transgressée, une voie de liberté que n'acceptent pas son mari, sa famille, les "sœurs" qui l'avaient endoctrinée au détriment de tout respect, de toute compréhension intelligente de l'Islam, au mépris de tout droit citoyen, de tout être humain!
En un cours récit (157 pages), témoignage d'une vie qui se perd longtemps avant de tenter de se retrouver, Zeina (aidée dans l'écriture par Djénane Kareh Tager), nous dévoile (le mot est si juste!) une vie de souffrance, de négation de la personne; une vie marquée par l'obscurantisme de ceux qui veillent à ce que d'autres ne puissent savoir et comprendre le sens des livres sacrés; une vie de violences au nom d’un dieu, une vie d'harcèlement physique et psychologique; une vie qui n'en est plus une!
Situé à une époque où un Islam radical (aussi peu crédible que l'Inquisition, triste apanage du passé de notre Christianisme, alors plus que déviant!) prend de plus en plus le pas sur un Islam traditionnel (celui qu'actuellement, nous appelons de tous nos vœux "l'Islam modéré"), ce récit nous conte l'utilisation d'une pseudo-connaissance du sens des écritures par des fanatiques assoiffés de pouvoir. Il nous dit aussi la suprématie illégitime de l'Homme sur la Femme, de l'opinion des autres sur la vie des personnes, de la violence intraconjugale au nom d'un mauvais serment d'allégeance de l'épouse à l'époux! Il nous dit le quotidien de milliers de femmes (musulmane ou non) qui se taisent parce qu’elles ne savent pas qu’elles ont une parole à dire, une attitude à prendre, une position qui pourra être soutenue…
Il nous dit aussi l'inefficacité d'une politique d'assimilation des étrangers qui provoque une ghettoïsation plutôt qu'une intégration. Il nous dit enfin, au-delà du silence qui se fait complice du mal, qu’une attention à l’autre, une prise de risque, une solidarité peuvent surgir et renverser le cours du temps, celui de la vie, celui de la Foi.

Bref, en quelques pages, ce livre nous invite à dépasser le problème du voile, du jilab ou du niqab pour voir le problème des femmes qui s'enferment dans le silence de survie ; dans l'acceptation qui n'est que moyen de parade aux coups ; dans la négation d'elles-mêmes par manque de personnes à qui s'ouvrir, à qui faire confiance ; dans l’inimaginable chemin ardu d’une liberté à construire!

Un petit livre en nombre de pages, un grand témoignage en faveur de plus de compréhension, d'ouverture et d'humanité!

Créée

le 6 févr. 2015

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