Je connaissais le roman feel good français avec deux de ses représentants les plus connus que sont Barbara Constantine ou Gilles Legardinier. En lire un américain était une petite source de curiosité mais l'été est aussi le moment idéal pour de la littérature qui détend les neurones. Sweet Mama's café a beau avoir des personnages sortis d'un feuilleton, des situations prévisibles, le lecteur aime suivre sa petite famille. L'intérêt est aussi que l'action se situe à la fin des années 60 à Biloxi, ville du Mississippi assez conservatrice gardant des réminiscences de la discrimination raciale et du Klu Klux Klan. Entre Emily et Sis (soeurs), Lucy ( dite Sweet Mama) et Beulah ( femme noire recueillie par Sweet Mama avant de devenir associée de son restaurant), Jim (revenu du Vietnam) et Andy (fils d'Emily), les portraits sont haut en couleurs et aiment à expliquer les points sensibles, les rugosités de ces hommes et femmes parfois malmenés par la vie. C'est le grand talent de narratrice d'Elaine Hussey au-delà de son envie de faire passer un bon moment de lecture. Même si j'ai eu du mal à rentrer dans les premières pages de Sweet Mama's Café, je me suis finalement laissé prendre par ce roman "feel good" attachant. Le "bad guy" de l'histoire,dont je ne citerai pas le nom vue sa nature détestable, est aussi la source de rares moments d'effroi et font plaindre la pauvre Emily, jeune femme mère qui sourit pourtant à la vie. J'ai été surpris aussi par l'art d'Elaine Hussey de manier les répétitions narratives et de saisir l'occasion de remontrer certaines situations sous des angles nouveaux. La redite est parfois déplorable mais pas ici. Pour finir, je vous conseillerai seulement de ne pas "avaler" Sweet Mama's Café mais de le lire par deux ou trois chapitres pour apprécier son tempo. Une expérience de lecture se faisant quelquefois sur la longueur que sur l'immédiateté.