Dernière fournée en date du Prix Mille Saisons, organisé par Le Grimoire, le recueil Tombé les voiles contient une vingtaine de nouvelles sur toute la gamme des littératures de l'imaginaire: du fantastique contemporain, du med-fan, du steampunk, de la science-fiction et pas mal de mélanges et de bizarreries somme toute assez réjouissantes.


En général, les recueils du Prix Mille Saisons ont un cycle de vie assez similaire, chez moi. D'abord, je les achète à l'enthousiasme, parce que les gens du Grimoire, c'est un peu des potes que je croise régulièrement en convention. Puis le bouquin reste dans mes rayonnages pendant quelques mois – en général, toujours sous cellophane, avant que je ne le lise et qu'au final, j'en sorte plutôt enthousiaste. Un jour, j'apprendrai.


Le thème de cette édition, "Tombé les voiles", est comme d'habitude sujet à maintes interprétations. Ça fait partie du jeu. Ainsi, on a des histoires de magiciens des vents sur des navires, des gens qui deviennent aveugle, de réalités changeantes et de demoiselles qui se dénudent. Entre autres.


Qui dit "anthologie", dit souvent "qualité variable" et c'est vrai que Tombé les voiles contient du bon et du moins bon. Mais c'est vrai aussi que, comme il s'agit de la sélection d'un prix littéraire, on part tout de même d'assez haut.


Les trois nouvelles steampunk, "Edmotype", d'Edward Noyce, "La déchirure Kostrowitsky" de Gwenael Bulteau et "Un dernier point de vue" de Frédéric Gobillot (salut Fred!) sont très imaginatives et explorent des éléments peu courants. J'ai aussi une faiblesse pour "Évolution" de Philippe Deniel et son histoire d'elfes exilés dans l'espace, qui me rappelle des éléments d'Erdorin – ne serait-ce que par le vaisseau-arbre (ou arbre-monde).


J'ai également trouvé impressionnante "L'Œil du dragon" de Rozenn Duchesne, une histoire aux croisements entre l'actualité brûlante et le fantastique, l'histoire épistolaire de "L'Esprit du Péché" de Barnett Chevin, à la chute marquante et le délire très méta de "Nul sauvetage / Futur fermé" signé Valentin Desloges.


Il y a des histoires un peu bizarres dans leur construction, comme le "Bison blanc" de Philippe Aurèle Leroux, texte hors concours qui, plus qu'une nouvelle, semble être le premier chapitre d'un texte plus long. Ou "Vague mélodie", texte déconstruit de Thierry Soulard fait d'extraits de parchemins raturés ou effacés.


À noter que chaque nouvelle est accompagnée par une illustration – dont je suis rarement fan, je dois dire – et d'une musique – que je n'ai pas écouté – originales. L'idée du transmédia est intéressante, mais je ne suis pas certain que cela apporte une réelle plus-value aux textes; après, c'est quelque chose dont je ne suis pas fan, personnellement.


Mais, globalement, la vingtaine de nouvelles de Tombé les voiles sont très plaisantes à lire et beaucoup témoignent d'une plume que l'on espère voir se développer à l'avenir. Il y a des auteurs très prometteurs dans cet ouvrage et l'initiative mérite d'être soutenue.


Article précédemment publié sur https://alias.erdorin.org

SGallay
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le 17 janv. 2018

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